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Nicolas Sarkozy affirme se tenir "aux côtés des peuples tunisien et égyptien"

Au cours du discours d'ouverture du sommet de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba, le président français a invité les dirigeants africains à "devancer" le désir de changement des peuples, évoquant les mouvements de révolte en Tunisie et en Égypte.

AFP - Le président français Nicolas Sarkozy a invité dimanche à Addis Abeba les dirigeants africains à tirer les leçons des révoltes en Tunisie et en Egypte pour "devancer" le désir de changement de leurs populations et renouvelé, en tant que patron des G8 et G20, son soutien au continent.

Pour la première prestation d'un chef de l'Etat français devant un sommet de l'Union africaine (UA), M. Sarkozy a profité des événements qui agitent l'Afrique depuis des semaines pour délivrer au parterre de chefs d'Etat et de gouvernement dont il était l'invité d'honneur les conseils "d'ami" de la France en matière de bonne gouvernance et de démocratie.

Très critiqué en France pour avoir trop longtemps soutenu contre la rue le régime déchu de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, le président a redit qu'il se tenait "avec amitié et respect aux côtés des Tunisiens et des Egyptiens", dont il a salué "l'aspiration profonde" au changement.

Comme dans le communiqué publié samedi soir avec le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel, il a également condamné "la violence, d'où qu'elle vienne, (qui) n'est jamais la solution".

Au sixième jour de révolte en Egypte, un bilan recensait dimanche plus de 100 morts et 2.000 blessés, surtout civils, depuis le début de la contestation.

Mais, s'il avait nommément demandé samedi au président Hosni Moubarak de procéder à des changements, Nicolas Sarkozy a usé d'un ton plus sibyllin dimanche pour évoquer la crise égyptienne, noyée dans une parabole sur la démocratie visant tous ses homologues africains.

"La France respecte la souveraineté des Etats et le droit des peuples à se déterminer eux-mêmes (...) mais il y a des valeurs qui sont universelles (...) tous les responsables politiques doivent compter avec elles", a-t-il souligné alors que l'UA a désigné à sa tête le président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema, qui dirige depuis plus de trente ans son pays d'une main de fer.

"Dans le monde d'aujourd'hui, on ne peut plus gouverner comme dans celui d'hier. Ce changement, ou bien on le subit et c'est la porte ouverte, un jour ou l'autre, à la violence. Ou bien ce changement, on le précède, on l'accompagne et alors il peut s'accomplir sans heurt (...) Le changement pacifique, la France le souhaite", a lancé le président français.

Retrouvant sa casquette de patron des G8 et G20, Nicolas Sarkozy a ensuite renouvelé son soutien à l'Afrique. Et d'abord à sa vieille revendication de décrocher un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

En réponse au président de son assemblée générale, le Suisse Joseph Deiss, qui a évoqué ce serpent de mer onusien, le président a mis les Nations unies au défi de réaliser la réforme en 2011. "Faites-la cette année, n'attendez pas", lui a-t-il lancé sous les applaudissements, "reconnaissez au milliard d'Africains la place à laquelle ils ont droit et la France vous soutiendra !"

Pour arracher le soutien de l'Afrique à son combat pour la régulation des marchés monétaires ou des matières premières, M. Sarkozy a également plaidé pour la mise en place de la très contestée taxe sur les transactions financières, seule possibilité selon lui de tenir les engagements d'aide aux pays pauvres.

"La France sera prête à mettre en oeuvre les financements innovants, même si les autres pays ne la suivent pas", a-t-il lancé.

Les dirigeants africains ont accueilli avec bienveillance les promesses françaises. Le président de la Commission de l'UA Jean Ping a dit avoir "bon espoir que le G20 permette à l'Afrique de jouer pleinement son rôle" et le président du Malawi Bingu wa Mutharika a salué en Nicolas Sarkozy un "vrai ami de l'Afrique".