Les forces anti-terroristes sont déployées, les internautes n'ont plus accès au réseau, les communications téléphoniques sont régulièrement interrompues. De Mohammed el-Baradei aux Frères musulmans, c'est toute l'opposition qui se mobilise.
AFP - Les manifestants égyptiens, qui réclament le départ du président Hosni Moubarak, promettent une mobilisation de grande ampleur vendredi, jour des grandes prières hebdomadaires, à laquelle devrait participer l'opposant et prix Nobel de la paix Mohamed El Baradeï.
S'inspirant de la "Révolution de jasmin" tunisienne qui a conduit à la fuite du président Ben Ali le 14 janvier dernier, les Egyptiens descendent quotidiennement dans la rue depuis mardi dans le cadre d'une contestation sans précédent contre le régime de Moubarak.
it"C'est une révolution", assurait une jeune manifestante de 16 ans à Suez jeudi soir. "Nous reviendrons ici chaque jour." Arrivé en Egypte jeudi, l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohammed El Baradeï, a déclaré que le moment était venu pour Hosni Moubarak de se retirer après quasiment 30 années au pouvoir.
Selon la chaîne de télévision Al Arabia, il s'est même proposé d'assurer l'intérim à la tête du pays si la rue le lui demandait.
Des internautes ont fait état vendredi de l'impossibilité de se connecter à des sites internet et d'envoyer des SMS.
Renesys, une société américaine spécialisée dans la veille et l'analyse des données de routage sur Internet, a estimé que le blocage d'internet constaté vendredi était "sans précédent dans l'histoire d'Internet".
"Les actions du gouvernement égyptien ont effacé le pays de la carte mondiale", indique la société.
Face aux perturbations, le porte-parole du département d'Etat américain, P.J Crowley, a fait part de sa préoccupation sur le site de micro-blogging Twitter, qui comme le réseau social Facebook, a joué un rôle de première importance dans l'organisation de la mobilisation.
Une page Facebook référençait ainsi vendredi plus de 30 mosquées et églises où les manifestants prévoyaient de se rassembler dans la journée. "Les Musulmans et Chrétiens d'Egypte doivent descendre dans les rues pour dénoncer la corruption, le chômage, l'oppression et l'absence de liberté", peut-on lire sur le site.
Vague d'arrestations
A quelques heures des nouvelles manifestations, les autorités égyptiennes ont procédé à l'arrestation de plusieurs membres du mouvement des Frères musulmans, dont au moins huit figures du mouvement fondamentaliste dans la nuit de jeudi à vendredi.
"La raison (de leur interpellation) est évidente : c'est lié à ce qui doit se passer demain", a déclaré leur avocat Abdel Moniem Adbel Maksoud.
Une source proche des services de sécurité a confirmé que les autorités avaient donné l'ordre de réprimer le mouvement politique, interdit mais toléré, pendant la nuit.
Les Frères musulmans ne sont pas à l'origine des manifestations réclamant le départ du président Hosni Moubarak mais ses partisans devraient rejoindre en nombre le mouvement vendredi.
Le gouvernement égyptien a exhorté la jeunesse à se méfier des Frères musulmans et d'autres organisations susceptibles de récupérer le mouvement de protestation actuel pour favoriser leurs "programmes secrets".
A Suez, qui a été le théâtre des manifestations les plus violentes, la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants qui leur lançaient des pierres aux premières heures de vendredi.
itLes forces de sécurité ont abattu un manifestant bédouin jeudi dans une ville du Sinaï, portant à cinq le nombre de personnes tuées dans le cadre du mouvement de contestation.
Le président américain, Barack Obama, a estimé jeudi que les réformes politiques étaient "absolument cruciales" pour l'avenir de l'Egypte, exhortant le président Hosni Moubarak à mettre en oeuvre des changements tout en lui reconnaissant la qualité d'allié essentiel des Etats-Unis.