![Les démocrates dénoncent la "rhétorique empoisonnée" des Tea Parties Les démocrates dénoncent la "rhétorique empoisonnée" des Tea Parties](/data/posts/2022/07/16/1657944909_Les-democrates-denoncent-la-rhetorique-empoisonnee-des-Tea-Parties.jpg)
Personne ne sait encore si Jared Lee Loughner a ouvert le feu sur la démocrate Gabrielle Giffords, samedi, pour des motifs politiques. Mais la gauche américaine accuse déjà les républicains d’avoir attisé la haine verbalement.
Les mots peuvent-ils tuer ? C’est en tous cas ce que pensent un certains nombre de démocrates américains après la fusillade de l’Arizona, samedi. Au cours de cette attaque, six personnes ont péri et quatorze ont été blessées, dont l'élue démocrate Gabrielle Giffords.
Les motifs du tireur, Jared Lee Loughner, restent inconnus à ce jour. Bien que le directeur du FBI ait déjà indiqué que Gabrielle Giffords était effectivement la cible du jeune homme de 22 ans, l’enquête n’a pas encore permis de déterminer si ses motivations étaient d’ordre politique.
En attendant d’en savoir plus lors de sa première comparution devant un tribunal de Phoenix, ce lundi, la gauche américaine pointe déjà du doigt la "rhétorique empoisonnée" employée par les ultraconservateurs des Tea Parties lors des élections de mi-mandat, en novembre dernier. Pour le moment, des messages postés sur Internet, attribués à Jared Lee Loughner, laissent seulement à penser que ce dernier, qui cite de manière incohérente Adolf Hitler et Karl Marx parmi ses auteurs préférés, présentait un état psychologique fragile au moment des faits.
Dimanche, le sénateur démocrate de l’Illinois, Richard Durbin, a ouvert les hostilités contre les ultraconservateurs. Réagissant à la fusillade, sur CNN, il a jugé que certains slogans pouvaient inciter "des personnes instables à penser qu'un tel acte de violence [était] acceptable".
"Ne reculez pas, rechargez (vos armes)"
Lors de son interview, Richard Durbin a notamment rappelé des formules utilisées par Sarah Palin, chef de file du mouvement des Tea Parties, telles que "Ne reculez pas, rechargez (vos armes)" ou encore "considérez les circonscriptions électorales comme des cibles dans votre collimateur".
Sur son blog hébergé par le New York Times, l’influent éditorialiste Paul Krugman explique que cette tragédie est "ce qu'il se produit quand on crée un climat de haine".
Dans la blogosphère démocrate, les réactions à la tragédie abondent dans le même sens. Ils publient une carte conçue par le comité politique de l’égérie des ultraconservateurs (voir ci-contre). Sur celle-ci, les circonscriptions des élus soutenant le plus ardemment la réforme de la santé voulue par le président Barack Obama - parmi lesquels figurent Gabrielle Giffords - sont représentées par des viseurs d’armes à feu.
Depuis la tragédie, des auteurs de blogs, avec cette carte à l'appui, accusent le Tea Party et n'hésitent pas à titrer que "Sarah Palin et le Tea Party sont responsables de la fusillade", les accusant d’avoir "du sang sur les mains".
Il faut dire qu'en Arizona, où la loi sur le port d’armes est l’une des plus laxistes des Etats-Unis, les militants de droite sont particulièrement enclin à la violence. Gabrielle Giffords avait notamment reçu des menaces de mort à l’époque du vote sur la réforme de la santé, debut 2010. Sa maison avait également été vandalisée.
Contre-attaque républicaine
Néanmoins, les républicains réfutent toutes les accusations démocrates en bloc. Le sénateur du Tennessee Lamar Alexander a ainsi rappelé sur CNN que le tireur avait brûlé le drapeau républicain, "ce qui ne correspond pas au profil typique d'un membre du Tea Party".
De même, les blogueurs républicains participent activement à la contre-offensive. En exhumant par exemple une carte démocrate datée de 2004 sur laquelle les États où Bush devait réaliser ses meilleurs scores lors du scrutin présidentiel étaient marquées…d’une cible (voir ci-dessous).
"Après tout, il ne faut jamais manquer l’occasion de tirer partie d’une bonne polémique", comme l’écrit ironiquement un autre blogueur ultraconservateur.