Rome a annoncé avoir rappelé son ambassadeur au Brésil en "réponse à la grave décision prise par Lula", le président brésilien, qui a refusé l'extradition vers l'Italie de l'ancien activiste de l'extrême-gauche Cesare Battisti.
AFP - L'Italie a décidé de rappeler pour consultations son ambassadeur au Brésil, après le refus de ce pays d'extrader Cesare Battisti, l'ancien militant de gauche condamné pour meurtres dans la Péninsule, a annoncé mardi le ministère des Affaires étrangères.
"Après la grave décision prise sur le cas Battisti de la part du procureur général (brésilien) de la République, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini a décidé de rappeler à Rome pour consultations l'ambassadeur d'Italie au Brésil, Michele Valensise", indique un communiqué.
Lundi soir, le procureur général du Brésil Antonio Fernando de Souza a recommandé de rejeter et de classer la demande d'extradition vers l'Italie de Cesare Battisti, condamné en 1993 par la justice italienne à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres commis dans les années 1970.
"Nous avions espéré un réexamen et une réflexion plus approfondie: le fait de décider seulement après 48H sans avoir objectivement analysé (le cas Battisti) nous apparaît comme une volonté de ne pas décider et de couvrir purement et simplement la décision politique du ministère de la justice", a commenté Franco Frattini, cité par l'agence Ansa.
"Ceci est franchement inacceptable, et pour cela nous avons convoqué à Rome l'ambassadeur pour des consultations sur cette affaire. Je veux voir avec lui quelles sont les options que l'on a", a ajouté le chef de la diplomatie italienne.
M. Frattini a également souligné que le Brésil "est un grand ami de l'Italie depuis toujours" et "pour cette raison, nous ne nous attendions pas à une réaction aussi grave".
Le Brésil a accordé le 13 janvier l'asile politique à Battisti, ancien responsable des "Prolétaires armés pour le communisme" (PAC), arrêté à Rio de Janeiro en mars 2007 après avoir fui la France où il avait trouvé refuge de 1990 à 2004, et qui clame son innocence.
Cette décision avait provoqué l'indignation en Italie, aussi bien de la part des autorités politiques que des familles des victimes des meurtres pour lesquels Cesare Battisti a été condamné.
Dans une lettre à son homologue italien Giorgio Napolitano qui lui avait fait part de sa "très grande surprise", le président Luiz Inacio Lula da Silva avait exposé vendredi les motifs "juridiques internes et internationaux" du refus du Brésil d'extrader Cesare Battisti.