
L'association chinoise "Confucius" a attribué son premier prix de la paix à l'ancien vice-président du Taïwan. Le Comité Nobel a rappelé que le prix qui sera remis vendredi à Oslo au dissident chinois Liu Xiabo n'était pas "contre la Chine".
AFP - Une association chinoise jusqu'ici inconnue a nié toute arrière-pensée en décernant jeudi à Pékin un "prix de la paix", à la veille de la remise à Oslo du Nobel de la paix au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo, bête noire du pouvoir en Chine.
Le premier "prix de la paix Confucius" a été attribué à l'ancien vice-président taïwanais Lien Chan, lors d'une conférence de presse chaotique, en présence de quelques professeurs d'université chinois présentés comme le "jury", selon un journaliste de l'AFP sur place.
Lien Chan était absent et son propre bureau a indiqué ne pas être courant de cette récompense. Le prix lui a pourtant été symboliquement décerné, le récipiendaire étant remplacé par une fillette à queue de cheval.
"A la paix!", a solennellement lancé Yang Disheng, un membre du jury, en remettant le trophée en verre à la fillette apeurée.
Interrogé mercredi par l'AFP, Tan Changliu, le président du jury, avait refusé de préciser qui finançait le prix d'un montant de 100.000 yuans (11.400 euros), en affirmant que son association n'était pas liée au gouvernement chinois. D'autres membres du jury ont assuré jeudi la même chose.
Le "prix de la paix Confucius" a été décerné un jour avant la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix 2010, à Oslo, en l'absence du lauréat, qui purge une peine de 11 ans de réclusion en Chine pour ses convictions démocratiques. L'initiative a été qualifiée de "pathétique" par le comité Nobel norvégien.
La conférence de presse a pris une tournure quasi-comique quand ses organisateurs ont été questionnés sur l'opportunité d'un nouveau "prix de la paix" et sur le télescopage avec le Nobel remis le lendemain à Oslo.
"Plus on peut avoir de prix de la paix dans le monde, mieux c'est", a affirmé M. Yang, qui enseigne "l'idéologie et la culture" à l'université Tsinghua de Pékin.
Le prix était dans les tuyaux "depuis un certain temps", a assuré M. Tan, sans préciser de dates.
Qiao Damo, un poète chinois présenté comme l'un des candidats aux côtés de Nelson Mandela ou de Bill Gates, a quant à lui estimé que le silence de Lien Chan, le lauréat, équivalait à une "acceptation tacite" du prix.
Lien Chan a favorisé le rapprochement entre Pékin et Taïwan. Il a rencontré à plusieurs reprises le président chinois Hu Jintao. Une telle rencontre à haut niveau est rare, Taïwan étant séparé de fait de la Chine communiste depuis plus de 60 ans.
Ulcéré par le choix du comité Nobel, Pékin a exercé ces dernières semaines des pressions pour dissuader diplomates et militants des droits de l'Homme de se rendre vendredi à la cérémonie de remise du Nobel de la paix à Oslo.