D'anciens soldats ont manifesté en marge de l'enterrement des deux soldats sud-coréens tués mardi dans le bombardement de l'île de Yeonpyeong. Le lancement, dimanche, d'exercices militaires conjoints par Séoul et Washington avive encore les tensions.
La Corée du Sud a enterré ses deux soldats tués mardi lors d'un bombardement nord-coréen sur l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, ce samedi. Alors que des manœuvres militaires conjointes entre Américains et Sud-Coréens doivent débuter ce dimanche, la tension reste très vive dans la région. Pyongyang et Pékin ont qualifié ces exercices de "provocation intolérable", pendant que des manifestants sud-coréens appelaient à la "vengeance".
Les deux fusiliers marins sud-coréens, âgés de 20 et 22 ans, ont été enterrés samedi près de Séoul au cours d'une cérémonie retransmise en direct à la télévision. Ils ont péri mardi lors de tirs d'obus nord-coréens contre l'île de Yeonpyeong, située en mer Jaune. "Nous allons assurément venger votre mort", a lancé le chef d'état-major de la Marine sud-coréenne, Yoo Nak-joon.
Des anciens soldats sud-coréens appellent à la "vengeance"
itUn millier de vétérans de la Marine se sont aussi rassemblés ce samedi dans le centre de Séoul, où ils ont brûlé des drapeaux nord-coréens et appelé à la vengeance. "Ces hommes réclament davantage d'action de la part des autorités sud-coréennes en cas de nouvelle attaque de la Corée du Nord, explique Nathalie Tourret, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Séoul. Ils comptent pour cela sur le nouveau ministre de la Défense."
L'ancien chef d'état-major des armées, Kim Kwan-jin, a en effet été nommé vendredi ministre de la Défense, mais sa candidature n'a pas encore été validée par le Parlement. La désignation de cet homme, dont l'expérience militaire ne fait aucun doute, est en tout cas un signal clair adressé par Séoul à Pékin. Ce nouveau ministre a pour mission de "répondre rapidement et fermement à la situation de crise" avec Pyongyang. Il a déjà préconisé de répliquer "au centuple" en cas d'agression venant du Nord.
De son côté, Pyongyang a promis de "frapper sans pitié" en cas de violation de son territoire. Des manœuvres aéronavales conjointes entre Américains et Sud-Coréens, qui vont durer quatre jours, doivent débuter dimanche en mer Jaune.
"Notre armée tient prêts les canons de son artillerie, et si les envahisseurs osent faire intrusion sur notre territoire terrestre, aérien ou maritime, nous transformerons le cœur de nos ennemis en une mer de feu", ont prévenu les autorités nord-coréennes.
itDes exercices militaires vécus comme une "provocation"
Ces opérations militaires sont également vécues comme une provocation par la Chine, alliée de Pyongyang. "La Chine commence à prendre ces manœuvres de façon très personnelle, indique Joris Zylberman, correspondant de FRANCE 24 à Pékin. Elle a mis en garde contre tout type d'action militaire menée sans sa permission sur sa zone économique. Toute la côte ouest de la péninsule coréenne est concernée, or c'est là qu'auront lieu les exercices conjoints. C'est la première fois que Pékin lance un tel avertissement."
itWashington a rapidement précisé que ces manœuvres n'étaient pas dirigées contre la Chine. Mais, pour Pékin, elles vont à l'encontre du nécessaire apaisement dans la région. Depuis vendredi, la Chine est engagée dans une véritable offensive diplomatique auprès de Séoul, Pyongyang et Washington, afin d'appeler tout le monde à la retenue.
"La Chine a surtout la volonté de ne pas céder aux injonctions des États-Unis, qui demandent à ce qu'elle condamne le bombardement nord-coréen de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, précise Joris Zylberman. Il est hors de question pour Pékin de désigner la Corée du Nord comme seule responsable de la crise, car cela reviendrait à donner un blanc-seing à la présence militaire américaine autour de la péninsule."
Si les tensions dans la péninsule reste extrêmement fortes, l'atmosphère à Séoul "n'est pas celle d'une veille de conflit", précise Nathalie Tourret. "Nous sommes samedi, les Sud-Coréens font leurs courses. Ici, on est habitué à vivre avec ce turbulent voisin nord-coréen, et personne ne veut croire que nous sommes à la veille de l'éclatement d'un possible conflit."