À l'occasion de son retour à Wall Street, ce jeudi, le constructeur américain pourrait lever jusqu’à 23,1 milliards de dollars. Une performance historique qui ne signifie toutefois pas que le géant de Detroit est totalement guéri...
Le retour de General Motors (GM), qui avait fait faillite en juin 2009, à la Bourse de New York, ce jeudi, s’annonce historique. Pour le Trésor public américain, qui détient 500 millions d’actions GM, l'opération devrait être, elle, très bénéfique. Une bonne nouvelle pour Barack Obama, dont le plan de sauvetage du constructeur avait coûté 50 milliards de dollars au contribuable...
Les actions GM sont vendues 33 dollars l'unité, si bien que l'entreprise devrait lever entre 20,1 milliards et 23,1 milliards de dollars. Une somme qui ferait de cette introduction en Bourse la plus importante de l’histoire des États-Unis, voire du monde, puisque le record est pour l’instant détenu par la banque chinoise AgBank, qui a levé 22,1 milliards de dollars lors de son arrivée sur le marché au mois d'août dernier.
Pour les Américains, ce retour de GM à Wall Street est aussi et surtout l’histoire d’une renaissance inattendue. Une sorte de preuve que l’"American Dream" fonctionne toujours, malgré un contexte économique morose. "Il faut bien comprendre qu’il y a encore 18 mois, tout le monde pensait, ici, que GM était condamné malgré l’aide de l’État", confirme William J. Holstein, l'auteur de "Why GM Matters: Inside the Race to Transform an American Icon" ("Pourquoi GM compte : histoire de la transformation d'une icône américaine").
Rassurer les marchés
Comment le constructeur a-t-il alors réussi à passer du statut de vieille carcasse bonne pour la casse à celui de nouveau sphinx de l’économie américaine ? "Les autorités publiques et les banques d’investissement ont fait un très bon boulot pour faire croire que General Motors était profitable", explique William J. Holstein. En clair : tout a été fait pour rassurer les marchés.
En 18 mois en effet, GM s’est, d'abord, délesté de plusieurs marques considérées comme non rentables, telles que Hummer, Saab, Saturn et Pontiac. Il a, en outre, tout mis en œuvre pour laisser penser au public qu’il avait remboursé les pouvoirs publics... même s'il a dû finir par admettre qu’il ne leur avait, en fait, reversé que 7 milliards de dollars jusqu'à présent. Quant à l'État, il a, pour sa part, supervisé la restructuration de l’équipe dirigeante de l'entreprise.
"S’il y a une certaine exagération, GM a tout de même réussi une sacrée restructuration", souligne William J. Holstein. Pour ce spécialiste du secteur automobile, preuve en est que General Motors vend maintenant plus de voitures sur le marché chinois qu’aux États-Unis. Aux yeux des investisseurs, l'entreprise est donc de nouveau en état de marche. À l’heure du retour en Bourse, c’est cela qui compte.
Toutefois, Holstein met en garde contre tout excès d'optimisme. "Je conseillerais certes d’acheter aujourd'hui des actions GM, mais uniquement à court terme", prévient-il. General Motors n’est effectivement pas encore tiré d’affaire, et ce n’est pas demain la veille que le constructeur retrouvera sa place de premier constructeur mondiale qu'occupe actuellement Toyota.
L’obsession de GM à vouloir faire plaisir aux marchés a, en effet, fait une victime de taille : ses salariés et sous-traitants. Quelque 20 000 emplois ont été sacrifiés pour sauver l'entreprise. "L’équipe dirigeante a montré un beau mépris pour sa base", affirme William J. Holstein. Or, à l'avenir, il faudra des hommes derrière les machines pour rester au contact des autres constructeurs. "On ne peut se contenter d’assainir les comptes, il faut aussi penser à se développer", conclut celui-ci.