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Au Pakistan, chaque année des centaines de femmes sont défigurées à l’acide. Le plus souvent lors d'une dispute conjugale ou parce qu'elles refusent une demande en mariage. Grâce à l'association de Valérie Khan, qui est partie en guerre contre ces pratiques, les victimes ont une chance de réinsertion. Anne-Isabelle Tollet, journaliste du bureau de France 24 à Islamabad, a rencontré Saida, victime de l’acide.

Défigurée par son mari, il y a 3 ans, Saida contre attaque aujourd’hui et porte plainte devant la haute cour de justice du Pakistan. Assistée par son avocat elle mène un combat difficile face à la lourdeur de la justice pakistanaise, mais à quelques jours du procès les nouvelles sont enfin réconfortantes.

"Il est en prison maintenant et j’espère qu’il va rester enfermé pendant 10 ans, nous allons faire notre maximum", explique l’avocat de Saida.

Mais avant de pouvoir traîner son bourreau devant les tribunaux, la jeune femme a commencé sa reconstruction grâce à l’aide de Valérie Khan, une française installée au Pakistan depuis 15 ans. Au travers de son association, ASF (Acide Survivors Foundation), Valérie apporte une aide juridique et médicale à une quarantaine de vitriolées chaque année.

Embauchée par Valérie comme aide ménagère, Saida retrouve petit à petit une vie normale. "Avant d’être brûlée ma vie était fantastique : j’avais 19 ans, j’aimais jouer avec mon frère et ma sœur… puis j’ai été marié. Au début tout allait bien", explique Saida. Mais très vite, son mari la trompe avec d’autres femmes puis la néglige, l’humilie.

"Comme mon mari ne changeait pas, je suis partie chez mes parents. Mais un jour il est passé par-dessus le mur et a forcé la porte de la maison. Il criait, et me demandait de rentrer chez nous. Ma mère était là et me défendait, moi je pleurais, je lui disais que je ne reviendrais pas avec lui et puis, il a sorti quelque chose de sa poche et m’a aspergé le visage. Il s’est enfuit et moi je ne savais pas ce que j’avais mais j’avais très très mal, et mes yeux se collaient".  Depuis le drame, Saida a subit 3 opérations chirurgicales pour retrouver son identité et une part de sa beauté d’avant.

Aujourd’hui, Saida n’a plus honte de son visage, et peut à nouveau se regarder dans un miroir. "Ça a pris du temps, mais maintenant, je ne me considère plus comme une femme brûlée mais comme une femme". Une jeune femme coquette et déterminée à renouer avec la vie.

Quand son divorce sera prononcé, Saida envisage de se remarier et d’avoir beaucoup d’enfants.

Les invités du focus :

  • Valérie KHAN, Présidente de Acid survivors foundation (ASF) du Pakistan, Auteure de la préface de ‘’Brûlée à l’acide’’ (Flammarion, Oct. 2010)
  • Anne-Isabelle TOLLET, correspondante de France 24, en direct d'Islamabad (Pakistan)

Une émission préparée par Kate Williams, Marie Billon et Patrick Lovett