Sur l'île de Java, le volcan du mont Merapi est entré mardi en éruption. Au moins treize personnes ont trouvé la mort et des milliers de riverains ont été évacués, selon les autorités indonésiennes. La dernière éruption remonte à juin 2006.
Le volcan Merapi, l'un des plus actifs et dangereux au monde, est entré en éruption mardi, faisant treize morts - dont un bébé de trois mois - au lendemain d'un ordre d'évacuation des 19.000 habitants vivant sur ses flancs, ont annoncé les autorités.
"Le bébé a souffert de sérieuses difficultés respiratoires après avoir inhalé de la poussière volcanique et nous n'avons pas pu le sauver", a déclaré un médecin à une télévision locale.
"Nous avons entendu trois explosions vers 18H00 (11H00 GMT), qui ont envoyé des cendres jusqu'à 1,5 km d'altitude et des nuages de vapeur le long des pentes" du volcan, a déclaré à l'AFP Surono, chargé de la surveillance des volcans en Indonésie.
Les premières images télévisées ont montré des centaines de personnes, certaines couvertes de cendres, s'enfuir le plus rapidement possible, aidées par des responsables locaux équipés de haut-parleurs.
Le Merapi, qui culmine à 2.914 m, est situé au beau milieu d'une région extrêmement peuplée, à 26 km de la grande ville de Yogyakarta, dans le centre de l'île de Java. Plus d'un million de personnes vivent sous la menace d'une explosion de son dôme de lave, des nuées ardentes et des lahars (coulées de boues).
Les autorités avaient relevé à son maximum lundi le niveau d'alerte face à un risque d'éruption imminente du Merapi. "Les gens qui vivent dans certaines zones doivent évacuer le plus rapidement possible", a réitéré mardi M. Surono.
Plusieurs milliers de personnes vivant dans un rayon de 10 km autour du cratère ont respecté cet ordre d'évacuation, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées, accueillis dans des centres communaux ou sous des tentes. En revanche, de nombreux hommes, des fermiers pour la plupart, sont retournés chez eux ou ont refusé d'évacuer, pour s'occuper de leurs bêtes ou des cultures, les terres du Merapi étant extrêmement fertiles.
Sukamto, un paysan de 50 ans, a indiqué que sa famille était à l'abri mais qu'il devait rester chez lui pour nourrir ses veaux. "Je peux surveiller d'ici le dôme du Merapi, à environ huit kilomètres. Je pense que je ne risque rien", a-t-il expliqué à l'AFP.
La population est habituée aux colères du Merapi qui entre en éruption tous les 4-5 ans, un rythme court pour un volcan. 68 éruptions ont été recensées depuis le milieu du XVIè siècle, dont certaines dévastatrices, comme en 1930 (1.400 morts) et 1994 (60 morts).
Sa dernière remonte à juin 2006 quand deux personnes avaient été tuées.
La nouvelle éruption "est certainement plus importante que celle de 2006", a estimé M. Surono. "Elle a envoyé des nuées et des cendres pendant environ deux heures. Nous ne pouvons pas déterminer jusqu'où sont allés les nuages car il fait nuit".
L'éruption de 2006 était intervenue quelques jours après le séisme du 27 mai 2006, d'une magnitude de 6,3 sur l'échelle de Richter qui avait frappé la ville de Yogyakarta et ses environs et fait près de 5.800 morts.
En raison des risques, le Merapi est le volcan le plus surveillé d'Indonésie, son activité étant suivie en permanence par des sismographes qui décèlent les mouvements provoqués notamment par la montée du magma.
Des experts français participent à cette surveillance. "En raison de ses fréquentes éruptions, le Merapi est un fabuleux laboratoire à ciel ouvert, où l'on teste des nouveaux équipements et des procédures inédites", indique Jean-Paul Toutain, un géophysicien responsable de la coopération franco-indonésienne de volcanologie.