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Barack Obama, défavorable à la loi qui exige des militaires gays de taire leur orientation sexuelle, a fait appel de la décision d'un juge fédéral d'interdire cette loi, insistant sur le fait qu'il revient au Congrès de l'abroger.

AFP - L'administration Obama a une nouvelle fois fait appel mercredi de la décision de justice d'interdire l'application de la loi qui force les militaires gays à dissimuler leur homosexualité, insistant sur le fait qu'il revient au Congrès, et non à la justice, d'abroger le texte.

"L'administration n'est pas favorable à la loi et est profondément convaincue que le Congrès devrait l'abroger", rappelle l'administration américaine dans sa requête. Mais, explique-t-elle, "le ministère de la Justice, comme cela a toujours été le cas, défend la constitutionnalité des lois fédérales tant que celle-ci peut être raisonnablement défendue".

Le 12 octobre, la juge fédérale Virginia Phillips avait jeté un pavé dans la mare en interdisant purement et simplement l'application de la loi "Ne rien demander, ne rien dire" (Don't ask, don't tell) qui permet depuis 1993 à l'armée américaine de maintenir un statu quo sur l'orientation sexuelle de ses soldats.

Barack Obama avait promis en janvier qu'il abolirait cette loi. Accédant à sa demande, la Chambre des représentants a voté l'abrogation au mois de mai. Mais fin septembre, le Sénat a refusé d'ouvrir les débats sur la question.

Perdant patience, un groupe d'homosexuels républicains a déplacé le débat politique devant la justice et obtenu gain de cause auprès de Virginia Phillips qui a jugé la loi non constitutionnelle, puis en a interdit l'application.

Depuis, l'administration utilise tous les moyens juridiques en son pouvoir pour obtenir l'annulation d'une décision de justice allant pourtant dans son sens.

Elle a d'abord demandé à Virginia Phillips de suspendre sa décision, le temps que la cour d'appel se prononce. La juge a refusé mardi. L'administration s'est alors tournée vers la cour d'appel de San Francisco pour demander une  "suspension, dès aujourd'hui, le 20 octobre 2010".

"Dans un contexte militaire, un tribunal doit faire attention à ne pas substituer ce qu'il estime préférable à ce qui l'est pour le Congrès ou sa propre évaluation de la situation à celle du pouvoir législatif", estime l'administration Obama.

Elle insiste sur le manque de "préparation" de l'armée américaine et affirme que l'"intrusion non justifiée" de la juge Phillips dans les affaires militaires "risque de porter un préjudice important et immédiat à l'armée dans ses efforts pour préparer l'abolition en bonne et due forme de la loi".

"Depuis sept jours que l'application de 'Don't ask, don't tell' est interdite, il est clair que ceux qui souhaitent réinstaurer la loi se sont platement trompés en prédisant des conséquences catastrophiques", a réagi Alexander Nicholson, directeur de Service members united, la plus grande organisation de militaires et d'anciens combattants gays et lesbiennes des Etats-Unis.

Parallèlement à la bataille menée devant les tribunaux, le Pentagone a commencé à se conformer à la décision de la juge Phillips en demandant à ses recruteurs d'examiner les demandes de candidats se présentant comme ouvertement homosexuels.

Figure de la communauté gay aux Etats-Unis et ardent opposant à la loi, l'ancien de la guerre en Irak Dan Choi, licencié pour avoir affiché ouvertement son homosexualité, a rempli dès mardi soir un formulaire à New York pour s'enrôler.

"Je suis prêt à retourner dès demain" en Irak, a-t-il déclaré à une télévision locale. La possibilité de revenir dans l'armée "me permet de continuer à servir mais aussi de récupérer la foi dans notre gouvernement", a-t-il ajouté.