À deux jours du vote de la réforme des retraites par le Sénat, le gouvernement et les syndicats n'ont toujours pas trouvé de terrain d'entente. Une nouvelle journée d'action est prévue mardi dans toute la France.
À la veille de la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ni les syndicats, ni le gouvernement ne semblent prêts à baisser les armes alors que le calendrier de la semaine sera dominé par une nouvelle journée de manifestations et de grèves, mardi, à la veille de la date retenue pour le vote du texte au Sénat mercredi. "On va aller aussi loin qu'il le faut et continuer aussi longtemps qu'il le faut", a prévenu samedi Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, en marge des défilés.
Le gouvernement minimise la mobilisation
Autorités et syndicats s’affrontent une fois de plus sur les chiffres de la mobilisation. Selon le ministère de l’Intérieur, près de 825 000 manifestants ont battu le pavé samedi en France contre "près de 3 millions" pour la CGT et 2,5 millions pour la CFDT. Pour les syndicats, le taux de mobilisation est comparable aux précédents. Voire en progrès, selon Bernard Thibault, qui a estimé que le mouvement "s'élargit". Pour Jean-Claude Mailly, leader de Force ouvrière (FO), "cela augure d'une mobilisation encore plus forte" le 19 octobre, à la veille du vote du texte par le Sénat.
C’est compter sans la détermination du gouvernement. Il y a "une baisse significative, sensible du nombre de manifestants dans la rue, il n'en demeure pas moins qu'il y a encore beaucoup de manifestants", a déclaré le ministre du Travail, Éric Woerth, samedi. Du point de vue du chef de l'État, l’étau se resserre, écrivait, vendredi, "Le Figaro".
Les routiers prêts à durcir le mouvement
Sur le terrain, le mouvement amorcé ce week-end par le secteur du transport routier pourrait s’amplifier. Les syndicats concernés ont appelé les salariés à se prononcer rapidement sur de nouvelles actions et notamment la grève, laissant planer la menace d’une multiplication des blocages temporaires de route et d’opérations-escargot. C'est chose faite du côté des douze raffineries françaises qui ont décidé de reconduire le mouvement de grève ce lundi. Du côté de la SNCF, la CGT a appelé les cheminots à "renforcer" la grève dès dimanche soir. Si les contrôleurs aériens ne seront en grève que mardi, le secteur aérien s’inquiète, lui, pour ses réserves en kérosène. Le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, s'est voulu très rassurant dimanche matin en écartant la menace d'une pénurie frappant les aéroports français. En ce qui concerne le carburant pour les particuliers, "il n'y a aucune station sans essence", a affirmé sur Europe 1 Dominique Bussereau, qui a évalué à 200 le nombre de stations-service "gênées" en France.
Le Sénat s’apprête à adopter le texte
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La bataille politique ne faiblit pas non plus. Le Sénat poursuit sa marche à bâton rompu vers l'adoption de la réforme des retraites. Il restait samedi aux sénateurs à examiner plus de la moitié des 1 200 amendements déposés avant le vote du texte, initialement prévu la semaine dernière et finalement repoussé à mercredi. "La conférence des présidents du Sénat a voté l'organisation d'un vote solennel mercredi à 15 heures, il n'y a pas eu d'opposition, le sens de la responsabilité des uns et des autres doit amener à respecter ce vote unanime", a déclaré à l'AFP, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Henri de Raincourt. Après ce vote, viendront les étapes de la commission mixte paritaire Assemblée-Sénat et la promulgation.
À Lille, où elle a pris part aux manifestations, Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a réclamé l'arrêt de l'examen du texte."Arrêtez, suspendez aujourd'hui votre projet au Sénat, mettez tout le monde autour de la table", a-t-elle demandé à l'exécutif.