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Controverse à Beyrouth autour de la visite d’Ahmadinejad

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad entame mercredi une visite officielle au Liban qui ne fait pas l'unanimité à Beyrouth. Le dirigeant iranien doit effectuer un déplacement dans le sud du pays, à la frontière d'Israël.

Le Hezbollah l’attend avec enthousiasme. Mais la première visite officielle au Liban du président iranien Mahmoud Ahmadinejad est loin de faire l’unanimité à Beyrouth. La confirmation de sa venue, au cours du mois d’août, avait même provoqué une controverse tant la scène politique et l’opinion publique libanaises sont divisées sur cette question. "Cette visite ne peut que nuire à l’image du Liban où sera reçu un chef d’État qui est en conflit ouvert avec la communauté internationale et qui est rejeté au sein même de son pays après une réélection contestée", regrette Samir Frangié, ancien député et membre de l’alliance politique majoritaire au parlement libanais.

Ahmadinejad à la frontière avec Israël

Le président iranien s'entretiendra, pendant sa visite de deux jours, avec son homologue libanais Michel Sleimane et le Premier ministre Saad Hariri. Des accords portant sur le prêt de 450 millions de dollars, accordé par Téhéran au Liban, pour investir notamment dans l'électricité et l'eau seront signés lors de cette visite. Ahmadinejad compte également se rendre jeudi dans le sud du Liban, le fief du Hezbollah, non loin de la frontière avec Israël, où il doit prononcer un discours. Un geste perçu comme une provocation par la majorité parlementaire libanaise. "Sa présence aux abords de la frontière ressemble à une provocation et l’État hébreu peut prendre prétexte de cette visite pour porter un coup à la stabilité du pays", regrette Samir Frangié,  interrogé par France24.com.

Le parti d’Hassan Nasrallah, qui prépare un accueil chaleureux au dirigeant iranien, ne voit pas les choses de la même manière. Ce dernier a exhorté, samedi, les Libanais à "participer massivement aux événements organisés durant la visite" pour remercier l’Iran de son soutien "moral et politique" après le conflit de 2006. "La visite du président iranien est une preuve de l'amitié et du soutien que Téhéran accorde au Liban, que ce soit à la résistance, à l'armée ou encore aux institutions" a déclaré de son côté le numéro 2 du Hezbollah, Naïm Kassem. Fondé en 1982 sous l'impulsion des Gardiens de la Révolution iraniens pour lutter contre l’invasion israélienne du Sud-Liban, le "parti de Dieu" n’a jamais caché sa filiation avec le régime iranien.

"Ahmadinejad n’est pas un président ordinaire"

Malgré le retrait des troupes israéliennes en 2000 après 22 ans d'occupation, le Hezbollah a conservé son arsenal au nom "de la résistance contre l’ennemi sioniste". Depuis, le seul parti armé du Liban est suspecté par ses détracteurs de vouloir étendre l'influence iranienne dans le pays, à défaut d’y instaurer un régime islamique. Il est également accusé d’être une base avancée de l’Iran au Moyen-Orient et de calquer son agenda sur celui de Téhéran. Des arguments qui ont toujours été réfutés par ses dirigeants. "Ahmadinejad n’est pas un président ordinaire, tout comme sa visite puisqu’il est reçu par le parti libanais qu’il arme et qu’il finance. De plus, en déclarant il y a quelques années que le Liban sera le cimetière des États-Unis ou que la destruction d’Israël passe par le pays du Cèdre, il fait porter au pays une charge qu’il ne peut pas supporter", développe Samir Frangié à France24.com.

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L'Iran puissance régionale
Controverse à Beyrouth autour de la visite d’Ahmadinejad

Cette visite controversée intervient alors que le pays du Cèdre traverse une crise politique majeure depuis plusieurs semaines. Le camp du Premier ministre sunnite Saad Hariri s’oppose au Hezbollah chiite, au sujet du tribunal spécial de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, en 2005. Le parti chiite assure que certains de ses membres vont être accusés par le TSL car, selon lui, l’institution judiciaire est "politisée" et "à la solde d'Israël". Une tension qui fait craindre une flambée de violences entre sunnites et chiites, à l’instar des combats urbains de mai 2008 qui avaient opposé les militants du Hezbollah à des partisans de Saad Hariri.