![La récession est finie, mais l'euphorie se fait attendre La récession est finie, mais l'euphorie se fait attendre](/data/posts/2022/07/15/1657916367_La-recession-est-finie-mais-l-euphorie-se-fait-attendre.jpg)
Des économistes américains ont annoncé lundi que la récession aux États-Unis avait pris fin en juin 2009. Elle aura duré 18 mois, plus longtemps qu’aucune autre crise depuis la Seconde Guerre mondiale. Une conclusion controversée.
La nouvelle aurait pu être accueillie avec soulagement, mais elle a été suivie par un silence gêné des autorités américaines. Le Bureau national pour la recherche économique – qui fait autorité en matière d’analyses des cycles économiques depuis les années 60 - a officiellement annoncé lundi que les États-Unis n’étaient plus en récession depuis 15 mois.
C’est donc en juin 2009 que le pays – berceau de la crise mondiale qui dure depuis fin 2007 – a sorti la tête de l’eau. Une annonce qui a fait "rire jaune" les commentateurs. "La bonne nouvelle : la récession est finie, la mauvaise ? Elle l’est depuis plus d’un an", écrit ainsi le commentateur économique du Time, Stephen Gandel. "Mais sur quelle planète vivent donc ces économistes ?", s’interroge John Cassidy, éditorialiste au très respecté magazine le New Yorker.
Même la Maison Blanche est restée en retrait. "On ne va pas sortir les banderoles 'Mission accomplie' ", a ironisé le porte-parole du gouvernement Obama en référence à une célèbre déclaration hâtive de l’ancien président Georges W. Bush qui s’était ainsi targué que la guerre en Irak avait pris fin en 2003.
Ironie
Comment ces éminents économistes ont-il pu aboutir à cette conclusion alors que depuis le début de l’année, le chômage aux États-Unis oscille entre 9 et 10% ? À la fin de son rapport, le Bureau national pour la recherche économique indique les données prises en compte : il s’agit essentiellement du PIB et de la production industrielle. En juin 2009, ces deux indicateurs ont atteint leur niveau le plus bas et depuis ils remontent lentement la pente.
Mais d’autres facteurs tels que l’immobilier, la consommation et surtout l’emploi ont continué à baisser l’an passé et restent à des niveaux bas si on considère que "la reprise" est en cours depuis plus d’un an. Ironiquement, l’OCDE a revu à la baisse les projections de croissance des États-Unis en 2010 – la ramenant de 3,2 à 2,6% - le jour même de l’annonce du Bureau.
Comparaison
"Le comité ne conclut nullement que les conditions économiques ont été bonnes depuis lors", a tenté de se justifier, lundi, le Bureau national pour l’économie. "L’annonce, maladroite, n’est qu’une conclusion technique", rappelle Brian Wingfield, éditorialiste pour le magazine d’affaires, Forbes.
Quel est l'intérêt alors de procéder à une telle datation au carbone qui ne correspondrait pas à la réalité ? Essentiellement pour pouvoir comparer cette récession aux précédentes, estime le New York Times. "Et si on regarde de près, à part une reprise plus forte du PIB, la situation est pire qu’en 2002 et 1992 [les précédentes grandes récessions]", explique le quotidien new-yorkais. "Vu le décalage entre cette annonce et la réalité de l’emploi, la grande conclusion est que nous n’avons plus besoin d’un Bureau national pour l’économie", tranche le New Yorker.
Crédit photo : Seth Tisue (sur Flickr)