
L’avionneur américain Boeing espère envoyer des touristes vers la Station spatiale internationale (ISS) à l'horizon 2015. Boeing arrive ainsi sur un marché embryonnaire, mais qui pourrait, à terme, rapporter environ 1 milliard de dollars.
Vertement critiqué sur terre par l’OMC pour des subventions reçues des Etats-Unis, Boeing se tourne vers les étoiles. Le premier avionneur américain a ainsi annoncé, mercredi, qu’il compte envoyer des touristes dans l’espace en 2015.
"C’est un signal fort pour l’industrie du tourisme spatial qu’un acteur traditionnel du secteur se lance dans l’aventure", estime Stella Tkatchova, ingénieure spatiale et auteure d’un livre sur le commerce spatial. Boeing a signé un accord avec le spécialiste du vol spatial Space Adventure et compte profiter d’un contrat de 18 millions de dollars remporté récemment avec la Nasa pour participer au développement commercial de l’ISS.
Pour cela, l’avionneur américain mise sur les vols vers la Station spatial international. Dans la typologie naissante du tourisme spatial, cette destination appartient à la catégorie la plus onéreuse. Passer des vacances sur l’ISS nécessite en effet un vol orbital, avec un billet aller-retour coûtant entre 20 et 30 millions de dollars. A l’heure actuelle, huit touristes se sont rendus sur l’ISS pour des périodes de quinze jours.
Un marché embryonnaire
L’autre option, pour "les plus pauvres des plus riches", consiste à faire un petit tour à la "frontière" de l’espace et puis... c'est tout ! On parle alors de "vols sub-orbitaux". "Ce sont les vols qui devraient connaître la plus forte progression et où il y a le plus de concurrence", explique Stella Tkatchova. Virgin Galactic facture ainsi une telle escapade 200 000 dollars, tandis que Space Adventure vend ses billets 102 000 dollars. D’autres compagnies, comme l’allemande Atrium, sont également sur les rangs. Les vols n’auront pas lieu avant 2012, mais Virgin Galactic, par exemple, a déjà vendu 234 places.
L’arrivée d’un poids lourd comme Boeing devrait donner un coup d’accélérateur à ce secteur encore embryonnaire. Elle est dans la lignée de la politique spatiale développée par le président américain Barack Obama, en janvier dernier. Il avait alors insisté sur les vols commerciaux en allouant un budget de 6 milliards de dollars sur cinq ans à la Nasa.
"Vous vous rendez compte du chemin parcouru depuis 2001 et la décision russe de développer des activités commerciales autour de la station Mir ?", rappelle Stella Tkatchova. Et le futur serait brillant pour ces aventuriers des étoiles. Un rapport de Futron, une société de conseils en aéronautique, avait prédit, en 2002, que le tourisme spatial devrait générer 1 milliard de dollars de revenus rien qu’en ventes de billets.
Six mois d’entraînement
Mais les bénéfices devraient dépasser le simple cadre du billet vendu au guichet. "L’innovation technologique, la publicité gratuite d’être les premiers sur ce marché ou encore les emplois que ce secteur va générer sont autant de raisons d’être de la partie", estime Stella Tkatchova.
Tout n’est pas rose pour autant. Les prix sont largement dissuasifs. Virgin Galactic veut ramener les siens à 80 000 dollars, ce qui reste très élevé. Il faut ensuite trouver des investisseurs qui ont envie de se projeter à dix ou vingt ans. "C’est clairement un marché pour visionnaires", reconnaît Stella Tkatchova. Enfin, on ne s’assied pas comme ça dans un vaisseau spatial. Tous les touristes doivent recevoir un entraînement conséquent. "Pour se rendre sur l’ISS, il faut une formation d’astronaute accompli de 6 mois", explique l’ingénieur.
Crédit photo : François Roche (Flickr)