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Le président Zuma ordonne à ses ministres de négocier la fin de la grève

Le conflit social dans le secteur public, qui dure depuis près de deux semaines, menace de s'étendre aux mines. Le président sud-africain demande au gouvernement de reprendre les négociations afin d'éviter la répétition de la longue grève de 2007.

AFP - Le président sud-africain Jacob Zuma a ordonné lundi à ses ministres de reprendre les discussions avec les grévistes du secteur public pour mettre fin à un mouvement de deux semaines qui menace de s'étendre aux mines, pivot de la première économie du continent.

"Le président a rencontré les ministres et leur a ordonné de retourner immédiatement à la table des négociations", a déclaré à l'AFP son porte-parole Zizi Kodwa.

Après des discussions informelles, une réunion était prévue à 16H00 GMT entre gouvernement et grévistes, selon l'Independent Labour Caucus, un des syndicats qui a lancé ce mouvement social le 18 août pour dénoncer la maigreur des salaires des 1,3 million de fonctionnaires.

"Le gouvernement va faire tout son possible pour qu'un accord soit conclu dès ce soir afin que tous les fonctionnaires puissent reprendre le travail", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Themba Maseko, dans un communiqué.

La confédération syndicale Cosatu, membre d'une alliance gouvernementale de plus en plus fragilisée, a accueilli favorablement cette "intervention au plus haut niveau", disant espérer que "la grève se terminerait le plus vite possible avec un accord acceptable pour les travailleurs".

Le Cosatu avait encouragé la semaine dernière ses autres branches à entamer des grèves de solidarité, un appel entendu par le puissant syndicat national des mineurs (320.000 adhérents) qui a annoncé un débrayage de 24 heures jeudi dans ce secteur clé pour l'économie du pays.

Si le mouvement des fonctionnaires a de sérieuses répercussions sur les écoles ou les hôpitaux par exemple, une grève dans les mines pourrait avoir un impact négatif sur la croissance.

"Les pertes dans les mines d'or pourraient s'élever à 200 millions de rands (21,5 millions d'euros, 27,3 millions de dollars) par jour", estime un analyste proche de l'industrie minière, sous couvert de l'anonymat.

En janvier 2008, des pénuries d'électricité avaient entraîné la fermeture provisoire de puits. La production d'or en Afrique du Sud, alors la deuxième au monde, avait chuté de 16,8% au premier trimestre, coûtant plusieurs points de croissance.

Deux ans plus tard, "une grève dans le secteur minier affecterait la confiance des investisseurs", affirme Don Ross, à la tête de l'école de commerce de l'université du Cap (sud-ouest).

Selon lui toutefois, une reddition complète du gouvernement aurait également un impact négatif sur une croissance déjà morose, avec son cortège de conséquences sur le chômage et la pauvreté.

En effet, si l'Etat acceptait d'augmenter les salaires des fonctionnaires de 8,6% comme le réclament les syndicats, cela ne serait "pas viable et entraînerait certainement une augmentation des impôts", précise-t-il.

Le gouvernement Zuma a fait de l'emploi et de la lutte contre la pauvreté ses priorités, face à un chômage qui frappe un adulte sur trois (selon l'OCDE) dans un pays où 43% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Mais il craint aussi une répétition de la grève de 2007, la plus longue depuis la fin de l'apartheid en 1994, qui avait marqué l'écartèlement entre les syndicats et le gouvernement de Thabo Mbeki, révoqué depuis.

Quelque 4.000 militaires ont été déployés dans 58 grands hôpitaux publics, afin d'empêcher le pire. Mais de nombreuses écoles ont fermé leurs portes et la plupart des procès ont été reportés lundi dans la région du Cap faute d'interprètes.