![Paris dénonce un rapport de l'ONU "caricatural" Paris dénonce un rapport de l'ONU "caricatural"](/data/posts/2022/07/15/1657912557_Paris-denonce-un-rapport-de-l-ONU-caricatural.jpg)
Paris juge excessives les critiques envers la politique sécuritaire du gouvernement que l'ONU émet dans son rapport sur les discriminations raciales. "Non, nous n'acceptons pas les caricatures", a déclaré Bernard Kouchner.
AFP - Les autorités françaises ont dénoncé vendredi comme "caricatural" et "excessif" un rapport de l'ONU sur les discriminations, très critique à l'égard de leur politique vis-à-vis des Roms, selon les déclarations de plusieurs ministres.
"Non, nous n'acceptons pas les caricatures. Non, nous n'acceptons pas les amalgames", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, lors la conférence annuelle des ambassadeurs de France.
Ce rapport "se distingue par son caractère excessif et caricatural et par ses nombreuses erreurs factuelles", a déclaré Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, notant qu'aucun Etat membre de l'UE n'avait critiqué la France.
itLe Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) a rappelé la France à l'ordre vendredi en l'exhortant à "éviter" les renvois collectifs de Roms ainsi que les "discours politiques discriminatoires" qui contribuent à alimenter un climat de racisme.
Bernard Kouchner a marqué son soutien à cette politique sécuritaire renforcée et aux expulsions de Roms, décrétées au cours de l'été par Nicolas Sarkozy.
"Jamais le président de la République n'a stigmatisé une minorité en fonction de son origine. Jamais nous n'accepterons qu'une minorité soit sanctionnée pour ce qu'elle est", a déclaré Bernard Kouchner, qui ne s'était pas encore prononcé sur le sujet.
Ancien "French Doctor" à Médecins sans frontières et Médecins du Monde, figure de l'action humanitaire depuis des décennies, Bernard Kouchner est le symbole de l'ouverture vers la gauche du gouvernement qu'avait voulue Nicolas Sarkozy au début de son mandat en 2007.
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La plupart des Roms sont originaires de Roumanie et de Bulgarie, deux pays membres de l’Union européenne (UE) depuis 2007. Ils peuvent donc circuler librement dans les pays de l'UE, mais sont soumis à des restrictions "transitoires". Ils doivent notamment demander une autorisation pour travailler en France.
Comme tous les Européens, les Roms sont soumis à une obligation de ressources s'ils désirent rester en France au-delà de trois mois. Ils peuvent également être expulsés à tout moment s'ils sont reconnus coupables de troubles à l’ordre public.
Je vous mentirais et renierais mon engagement de toute une vie, si je vous disais que ces éclats autour des Roms m'ont fait plaisir", a-t-il dit.
Après plusieurs faits divers, Nicolas Sarkozy avait annoncé un tour de vis sécuritaire fin juillet, dans un discours liant immigration et insécurité et ciblant en particulier les Roms et les citoyens français par naturalisation.
Avec les vols affrétés jeudi par la France, ce sont au total 8.313 Roumains et Bulgares qui ont été expulsés depuis le 1er janvier, contre 9.875 pour l'ensemble de l'année 2009, selon les chiffres communiqués par Eric Besson, ministre de l'Immigration.
Dans une réponse à l'ONU, Eric Besson a souligné que "le droit français ne connaît les étrangers qu'à raison de leur nationalité", et qu'en conséquence "les Roms ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité".
"La France respecte scrupuleusement la législation européenne ainsi que ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme", a affirmé de son côté Bernard Valero, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Reconnaissant que les Roms roumains ou bulgares jouissent, en tant que citoyens de l'Union européenne, "de la liberté de circulation et du droit au séjour sur le territoire des États membres", il a rappelé que cela ne leur offre pas "un droit inconditionnel au séjour".
Environ 15.000 Roms vivent en France, où ils bénéficient des règles de libre circulation de l'UE mais vivent souvent dans des abris de fortune. Après trois mois passés en France, sans domicile ni sources de revenus, ils sont dans l'illégalité et deviennent expulsables.