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Référendum : les Guinéens approuvent la nouvelle Constitution visant la fin de la transition
Le projet de nouvelle Constitution en Guinée a été approuvé à 89 % lors d'une référendum, selon les résultats provisoires officiels annoncés mardi soir. Ce résultat ouvre la voie à une candidature du chef de la junte à une future élection présidentielle.
Les habitants regardent la télévision où la directrice de la Direction générale des élections, Djenabou Touré, annonce les résultats provisoires du référendum à Conakry, mardi 23 septembre 2025. © Patrick Meinhardt, AFP

Quatre ans après la prise de pouvoir par des militaires, les Guinéens ont approuvé à 89 % une nouvelle Constitution, selon les résultats provisoires officiels d'un référendum clef visant à la fin de la transition. Espéré depuis des années par la population et la communauté internationale, ce scrutin a inauguré une séquence électorale cruciale dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et à l'histoire jalonnée de coups d'État et marquée par la violence de régimes autoritaires.

Quelque 6,7 millions de Guinéens étaient appelés à voter dimanche sur une population d'environ 14,5 millions d'habitants de ce pays.

Le "oui" à la nouvelle Constitution l'a emporté à 89,38 %, et le "non" a recueilli 10,62 %, selon les résultats provisoires officiels annoncés mardi 23 septembre au soir par Ibrahima Kalil Condé, ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation, qui a indiqué un taux de participation à 86,42 %. Elle a déclaré "le projet de Constitution provisoirement adopté".

Les résultats définitifs seront annoncés par la Cour suprême, à une date qui n'a pas été précisée.

Accusant la junte de vouloir se maintenir au pouvoir à la faveur de ce référendum, les leaders de l'opposition – dont beaucoup sont en exil – avaient appelé au boycott, dénonçant une "mascarade électorale" aux résultats "connus d'avance". Mais malgré cet appel, nombre de Guinéens se sont rendus aux urnes. Les électeurs interrogés par l'AFP ont affirmé en majorité avoir voté pour exprimer leur volonté de sortir de la transition militaire.

Campagne ostentatoire pour le "oui" au référendum

Les militaires s'étaient initialement engagés à rendre le pouvoir aux civils avant fin 2024. Depuis qu'il a renversé le président civil élu Alpha Condé en 2021, le chef de la junte Mamady Doumbouya, 40 ans, dirige le pays d'une main de fer. La junte a multiplié les restrictions contre les libertés.

Dimanche, le vote à travers le pays s'est globalement déroulé dans le calme alors que pas moins de 45 000 agents des forces de défense et de sécurité avaient été mobilisés pour sécuriser le vote, ainsi qu'un millier de véhicules légers et blindés et des hélicoptères de combat.

La campagne pour le "oui" au référendum a été ostentatoire à travers le pays et largement incarnée par Mamady Doumbouya, à grand renfort d'affiches à son effigie, rassemblements et fanfares. Celle du "non" avait, elle, été quasi inaudible.

Une chape de plomb s'est abattue en Guinée sur les voix dissidentes depuis l'arrivée des militaires au pouvoir. Plusieurs partis politiques et médias ont été suspendus, les manifestations – interdites depuis 2022 – sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l'opposition ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l'exil. Les disparitions forcées et enlèvements se sont multipliés, rapportent les défenseurs des libertés.

L'organisation du référendum permet à la junte de donner le change aux exigences d'élection de la communauté internationale et des bailleurs. Les autorités souhaitent se "normaliser" et renouer avec les organisations sous-régionales, régionales et internationales.

Elles ont donc annoncé des élections présidentielle et législatives pour assurer un retour à l'ordre constitutionnel avant la fin de cette année. Néanmoins, aucune date n'a été donnée.

Les électeurs guinéens interrogés par l'AFP dimanche étaient partagés entre ceux souhaitant ardemment le retour des civils au pouvoir et d'autres soutenant le chef de la junte et sa potentielle candidature à une future présidentielle.

Cette Constitution remplace en effet la "Charte de la transition", établie par la junte après le coup d'État et qui interdisait notamment à ses membres de se présenter aux élections. Or, cette interdiction ne figure plus dans la nouvelle Constitution, ouvrant la voie à une candidature de Mamady Doumbouya, chef de l'État et chef des armées.

Pas de date pour le scrutin présidentiel

Tout semble indiquer que Mamady Doumbouya sera candidat, en dépit de sa promesse de ne pas se présenter à une présidentielle.

Référendum : les Guinéens approuvent la nouvelle Constitution visant la fin de la transition

Interrogé dimanche par l'AFP, le ministre secrétaire général de la présidence guinéenne, le général Amara Camara, a estimé que "cette Constitution est l'émanation profonde des aspirations du peuple de Guinée, elle n'est pas une Constitution écrite par le général Douboumya".

Quant à la date d'une future présidentielle, le général a estimé que les autorités "ont rempli leur promesse vis-à-vis de la communauté internationale en organisant ce référendum et en ayant une année électorale".

"Beaucoup avait émis des doutes sur l'organisation de ce scrutin et nous les avons levés ; nous espérons que nous pourrons également organiser les élections législatives et présidentielle" le moment venu, a-t-il dit.

Avec AFP