
Les dégâts causés à un immeuble résidentiel de Ternopil par des frappes russes meurtrières, le 19 novembre 2025. © Compte Telegram de Volodymyr Zelensky via AFP
L'Ukraine a reçu mercredi 19 novembre une nouvelle proposition de paix de la part des États-Unis qui requiert notamment qu'elle cède des territoires à la Russie et réduise son armée de moitié.
Le plan américain, selon des déclarations à l'AFP d'un haut responsable ukrainien sous couvert d'anonymat, semble reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie, des exigences dénoncées par Kiev comme équivalant à une capitulation de facto.
La proposition inclut la "reconnaissance de (l'annexion de) la Crimée et d'autres régions prises par la Russie" et "la réduction de l'armée à 400 000 personnes", a indiqué cette source. L'Ukraine devrait également renoncer à toutes ses armes à longue portée.
"Une nuance importante est que nous ne comprenons pas s'il s'agit réellement d'un plan Trump" ou "de son entourage", a ajouté le haut responsable ukrainien, qui a également jugé floues les informations sur l'attitude que la Russie serait supposée adopter en retour.
Le média américain Axios avait précédemment affirmé que Washington et Moscou travaillaient en secret sur un plan pour mettre fin à la guerre lancée par Moscou contre son voisin il y a près de quatre ans. Le Kremlin a refusé de commenter ces informations.
Une délégation du Pentagone à Kiev
De quoi alimenter la visite à Kiev du secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, arrivé avec une délégation de haut niveau du Pentagone pour rencontrer des responsables ukrainiens, selon la chaîne américaine CBS News, qui cite l'armée américaine. Il a rencontré le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmyhal mercredi, selon la même source.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était en Turquie mercredi, où il a tenté en vain mercredi de relancer les négociations de paix. Mais à l'issue d'une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, il n'a pu qu'espérer une reprise des échanges de prisonniers de guerre avec la Russie "d'ici la fin de l'année".
Cette visite, sans présence russe, visait à "réengager" les États-Unis dans le processus de paix, avait dit un responsable ukrainien à l'AFP. Mais l'émissaire américain Steve Witkoff n'était pas présent et la Russie a poursuivi ses frappes sur les villes et infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Au moins 26 morts à Ternopil
L'Ukraine a vécu dans la nuit l'une des attaques les plus meurtrières de l'année, qui a notamment visé les régions occidentales de l'Ukraine, d'ordinaire plus épargnées en raison de leur éloignement du front : Lviv, Ivano-Frankivsk et Ternopil. À Ternopil, au moins 26 personnes ont été tuées, dont trois enfants, et 92 ont été blessées, dont 18 enfants, selon un nouveau bilan des secours.
L'armée ukrainienne a affirmé que la Russie avait frappé la ville avec dix missiles de croisière. Quelque 476 drones et 48 missiles russes ont visé le pays dans la nuit, dont respectivement 442 et 41 ont été abattus, a-t-elle dit.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a dénoncé "une intensification massive" des frappes russes. "Cela n'a rien à voir avec des objectifs militaires. Il s'agit purement d'une guerre de terreur contre la population civile ukrainienne", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, s'est lui aussi dit "choqué".
Comme lors d'autres attaques, la Roumanie, membre de l'Otan et voisine de l'Ukraine, a annoncé avoir dû faire décoller des avions de chasse à cause d'une nouvelle incursion de drone sur son territoire.

Depuis son retour au pouvoir en début d'année, Donald Trump s'est présenté comme un médiateur avec Moscou pour ce conflit, alors que Washington avait été un soutien militaire et financier majeur de Kiev depuis quatre ans. Ses efforts n'ont toutefois pas abouti à une cessation des hostilités. Se disant tour à tour frustré par Volodymyr Zelensky puis Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe. Plusieurs sessions de pourparlers entre Russes et Ukrainiens à Istanbul cette année ont échoué à aboutir à des avancées majeures.
La Russie, qui occupe environ 20 % de l'Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l'Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales sur le territoire restant sous son contrôle, ce que la Russie juge inacceptable.
Avec AFP
