
Après les écologistes, c’est au tour du Parti socialiste d'organiser son université d’été, à La Rochelle, ce week-end. Décryptage de ces rendez-vous cruciaux de la vie des partis avec trois politologues européens.
"La vie qu’on veut" : tel est le thème de l'édition 2010 de l'université d’été du Parti socialiste (PS), qui se tient à La Rochelle, ce week-end. Quelque 4 000 militants sont attendus de vendredi à dimanche aux côtés des principaux dirigeants du parti. Au programme de la rencontre : des débats sur les migrations, l’Europe, la dette, les banlieues, l’environnement ou encore l’égalité professionnelle, mais aussi un apéro des jeunes socialistes et un grand barbecue, samedi soir.
Du 19 au 21 août dernier à Nantes, les écologistes avaient ouvert le bal des universités d’été, traditionnels rassemblements entre militants et dirigeants des partis politiques qui ont lieu chaque année à la rentrée. Et ce week-end, le PS ne sera pas le seul à rassembler ses troupes - les communistes, le Nouveau centre et le Front national de la jeunesse débattront également dans une ambiance festive…
Trois politologues spécialistes des partis détaillent les enjeux de ces rendez-vous incontournables de la rentrée politique : Rémi Lefebvre, du Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (Ceraps), Giulia Sandri, du Centre d’études de la vie politique de l’université libre de Bruxelles (Cevipol), et Florence Faucher-King, du Centre d’études européennes de Sciences-po.
France 24 : Pourquoi les universités d’été sont-elles un moment-clé pour les partis politiques ?
Rémi Lefebvre : Avec le temps, les universités d’été ont pris une place de plus en plus grande dans la vie des partis. Elles ont trois grandes fonctions. il s'agit, premièrement, d'un moment de convivialité important pour les militants, et de l'un des rares moments de la vie de leur formation ouvert à tous. Ils peuvent approcher de près et toucher les dirigeants ! C’est également un moment de réflexion interne pendant lequel le parti réfléchit à des problèmes de fond et définit sa stratégie.
Les universités sont enfin et surtout un rendez-vous médiatique - la rencontre interne est, en réalité, de plus en plus un évènement à visée externe qui donne au parti une visibilité dans l’actualité.
Quels sont les grands enjeux des universités d’été 2010 ?
Rémi Lefebvre : J’identifie trois grands enjeux. D’abord, le contexte de cette fin d’été est marqué par un certain affaiblissement de Nicolas Sarkozy, ce qui donne de nouvelles responsabilités aux partis d’opposition. Ensuite, deux questions sont toujours présentes en toile de fond : la crise, toujours, mais aussi la sécurité. Nicolas Sarkozy oblige toutes les formations à prendre position sur ce thème. Enfin nous sommes entrés dans une phase pré-présidentielle. À gauche et au Modem, on s’interrogera sur le futur candidat, les stratégies d’alliance, la question des primaires, etc.
Les universités d’été seront l’occasion de le découvrir !
Pour la première fois seront vendus cette année à La Rochelle les livres conseillés par les dirigeants du parti : "L’Homme révolté", d'Albert Camus, pour David Assouline, Les Chaussures italiennes, d’Henning Mankell, pour Martine Aubry, Brooklyn Follies, de Paul Auster, pour Harlem Désir, Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez, pour Laurent Fabius, etc.
Les universités d’étés sont-elles une spécificité française ?
Giulia Sandri. Non, les partis politiques de nombreux pays d’Europe en organisent, en Belgique, en Italie ou en Espagne par exemple. En France et au Royaume-Uni, ces rassemblements sont toutefois plus systématiques et plus structurés - ils ont lieu chaque année sous le même format et presque tous les partis en organisent.
Florence Faucher-King. Au Royaume-Uni, les partis se donnent rendez-vous en septembre et en octobre, durant quasiment une semaine. C’est une sorte de combinaison entre les universités d’été et les Congrès, en un seul format. plus qu’en France encore, il s’agit d’une tradition dans le pays, d'une véritable foire où les militants viennent d’une manière presque compulsionnelle.
Les conférences seront particulièrement intéressantes à suivre pour les trois partis cette année : les travaillistes se réunissent juste après l’annonce du nom de leur nouveau leader, les libéraux-démocrates de Nick Clegg vont débattre du gouvernement de coalition, et la réunion des conservateurs sera festive à la suite de leur retour au pouvoir.