Au sixième jour du mouvement des fonctionnaires, les policiers ont tiré des balles en caoutchouc sur des grévistes devant un hôpital de Durban et l'État se voit obliger de faire appel aux militaires pour faire face à la pénurie de personnel de santé.
Le bras de fer est engagé depuis six jours et personne ne semble disposer à céder. Pire, l’heure ne semble pas être à l’apaisement. Ce lundi, à Umlazi (province de KwaZulu-Natal, dans l’est du pays), des manifestants ont brûlé une voiture et bloqué une autoroute. À quelques kilomètres de là, des policiers ont ouvert le feu avec des balles en caoutchouc sur des grévistes qui bloquaient l’entrée de l’hôpital Addington de Durban.
Dans la matinée, ces manifestants tentaient d’empêcher les patients ainsi que le personnel hospitalier non-gréviste de pénétrer dans l’établissement. Les forces de l’ordre sont donc intervenues en s’appuyant sur un décret récemment voté par le gouvernement de la province du KwaZulu-Natal interdisant de bloquer l’accès aux bâtiments hébergeant un service public.
Les principaux syndicats, qui représentent 1,3 millions de fonctionnaires,réclament une hausse des salaires de 8,6% ainsi qu’une allocation logement de 1000 rands (107 euros) et le pays est totalement paralysé. Le mouvement s’est en effet généralisé il y a une semaine lorsqu’ils ont rejeté l’offre du gouvernement d’augmenter les salaires de 7% et de verser une allocation logement de 700 rands. Le gouvernement a prévenu que l'accord serait appliqué unilatéralement si les syndicats ne le signaient pas dans les 21 jours.
Appels aux volontaires
Mais la sortie de crise ne semble pas être à l'ordre du jour. "Nous ne cesserons pas la grève tant que le gouvernement n’est pas revenu à la table des négociations", a indiqué ce lundi Mugwena Maluleke, le porte-parole Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu). Mais le gouvernement explique qu’il n’a pas les fonds nécessaires pour augmenter les salaires des fonctionnaires tandis que ceux-ci rétorquent qu'ils sont choqués par les sommes dépensées à l’occasion de la Coupe du monde. Les négociations étant dans l’impasse, les autorités s’emploient désormais à faire face à la pénurie de personnel hospitalier.
Le mouvement social oblige les hôpitaux à refuser des patients, à faire sortir prématurément des convalescents, et à transférer en urgence des malades vers des établissements privés. Les médias locaux rapportent que plusieurs personnes seraient déjà décédées faute de soins, mais le gouvernement refuse pour le moment de lier ces morts au mouvement social.
Ce lundi, des soldats ont été envoyés dans une trentaine hôpitaux de 7 des 9 provinces du pays. Siphiwe Dlamini, porte-parole de la Défense sud-africaine, a indiqué dans un communiqué que les services de santé de l’armée avaient déployé "des docteurs, des infirmières, des urgentistes" ainsi que "du personnel affecté aux tâches de ménage".
Par ailleurs, les médias continuent de relayer les appels du Département de la santé qui cherche des volontaires pour travailler dans les hôpitaux. Preuve que les autorités ne comptent pas sur un retour à la normale dans les jours qui viennent.