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Le dirigeant américain du groupe pétrolier BP, accusé d'être responsable de la pire marée noire de l'histoire des États-Unis, doit être entendu mardi devant le Congrès à Washington. Barack Obama prononcera une allocution télévisée en soirée.

REUTERS - Le président de BP pour l’Amérique, Lamar McKay, doit répondre ce mardi devant le Congrès américain aux accusations selon lesquelles son groupe a rendu possible la pire marée noire de l’histoire des Etats-Unis par une politique de réduction des coûts dangereuse pour la sécurité.

Mis en cause pour sa gestion de la crise, le président Barack Obama, à l’issue de sa quatrième visite sur les côtes touchées le long du golfe du Mexique, prononcera dans la soirée (20h00 locales, minuit GMT) à la Maison blanche une solennelle allocution télévisée.

L’action BP a perdu 9% lundi à New York et à Londres. Depuis le début de la crise en avril, le groupe a perdu environ 40% de sa valeur en Bourse et se trouve de ce fait sous la menace potentielle d’une offre de rachat.

Lors de son audition au Congrès, Lamar McKay sera entouré par des responsables d’Exxon Mobil, Chevron, ConocoPhillips and Royal Dutch Shell, soucieux de limiter les conséquences de cette catastrophe écologique pour l’industrie pétrolière.

Ces derniers ne devraient pas épargner McKay en dénonçant les risques inconsidérés qui auraient été pris par BP et affirmer que jamais leurs propres compagnies n’auraient ainsi joué avec le feu.

Selon le témoignage écrit du P-DG d’Exxon, Rex Tillerson, que Reuters a pu consulter, cette affaire découle du non-respect des normes de base du forage en eau profonde.

D’après lui, si les entreprises pétrolières construisaient les puits de forage de façon adéquate, les inspectaient convenablement et se concentraient sur la sécurité, de tels accidents « ne se produiraient vraisemblablement pas ».

L’explosion du 20 avril, qui a détruit la plate-forme Deepwater Horizon au large de la Louisiane et a tué onze employés, a provoqué une énorme marée noire qui a souillée près de 200 km de côtes.

"Souci d’économie"

Selon deux membres de la commission d’enquête parlementaire du Congrès, BP a pris des risques par souci d’économie dans le forage du puits Macondo, à l’origine de la marée noire.

« Il apparaît que BP a choisi à plusieurs reprises des procédures dangereuses afin de réduire ses coûts et de gagner du temps, et n’a fait que le minimum pour limiter la hausse des risques », accusent les représentants Henry Waxman et Bart Stupak.

BP a choisi une structure de puits dotée d’un nombre limité de barrières contre les remontées de méthane. C’est une brusque montée de méthane le long de la conduite montante qui a provoqué l’explosion du 20 avril, détruit la plate-forme de forage et déclenché la catastrophe.

Le directeur général de BP, Tony Hayward, doit déposer à son tour jeudi devant la commission du Congrès.

Les deux parlementaires Waxman et Stupak lui ont adressé une lettre dans laquelle ils énumèrent les points d’accusation contre BP, et décrivent les ingénieurs comme étant sous pression pour conclure les opérations le plus vite possible.

Les opérations avaient pris 40 jours de retard au moment de l’accident et BP louait la plate-forme Deepwater Horizon au groupe Transocean pour environ 500.000 dollars par jour, selon les enquêteurs.

Le pétrolier britannique n’a pas souhaité faire de commentaires sur le contenu de la lettre.

« Il serait déplacé de commenter ces questions à l’avance. Il ne fait aucun doute qu’ils seront abordés à l’audience », déclare le porte-parole Toby Odone dans une réponse écrite.

Ce dernier s’est également refusé à commenter les informations selon lesquelles BP se serait adjoint les services de plusieurs banques de conseil afin de se protéger contre un tentative de rachat.

De source proche du dossier, on indiquait que BP avait engagé les banques Blackstone, Goldman Sachs et Crédit Suisse.