L'ex-ministre du Logement a renoncé aux 9 500 euros versés chaque mois par l'Élysée pour sa mission sur la mondialisation. Des émoluments qui, dans un contexte de disette budgétaire, avaient suscité l'ire de l'opposition et l'embarras de la majorité.
AFP - Christine Boutin a renoncé jeudi soir, face à la polémique et sous la pression du gouvernement, à ses 9.500 euros de salaire mensuel pour sa mission sur la mondialisation, François Fillon promettant aussitôt une "doctrine uniforme" sur ce sujet devenu sensible.
Après 48 heures d'une polémique qui se faisait de plus en plus virulente et dans un contexte de disette budgétaire, Mme Boutin a déclaré sur le plateau du JT de France 2 qu'elle avait "entendu les Français qui ont de petits salaires".
"J'ai donc décidé de mener cette mission de façon gracieuse en renonçant à mes 9.500 euros", a-t-elle annoncé.
L'ancienne ministre a insisté sur le fait que le cumul de ses revenus (9.500 euros pour sa mission, 6.000 euros de retraite parlementaire, 2.000 euros d'indemnités de conseillère générale) était "légal" et a lancé un avertissement: "Je suis en train de créer une jurisprudence avec cette décision. Il y a beaucoup de gens qui sont dans cette situation et qui vont aujourd'hui ou demain être confrontés au même problème".
Quelques minutes après l'interview, Matignon a annoncé dans un communiqué que François Fillon prévoyait désormais d'encadrer les "rémunérations" pour ce type de missions, "selon une doctrine uniforme afin d’éviter toute ambiguïté".
"Cette doctrine fixera des références, notamment sur leur niveau, les éventuels cumuls", a précisé Matignon, ajoutant que le Premier ministre se félicitait de la décision prise par Christine Boutin.
L'ex-ministre du Logement s'était retrouvée malgré elle sous le feu des projecteurs après la révélation mardi soir par le Canard Enchaîné de son salaire pour cette mission sur les "conséquences sociales" de la mondialisation, que lui avait confiée l'Elysée en décembre 2009.
Après avoir défendu mercredi l'ancienne ministre du Logement, notamment par la voix de Luc Chatel, qui soulignait qu'"à tout travail correspond une rémunération", le gouvernement a changé de ton jeudi matin.
Le ministre du Travail, Eric Woerth, auprès de qui est rattachée la mission de Mme Boutin, avait annoncé dans la matinée qu'il allait demander à cette dernière de renoncer "au cumul entre sa pension de retraite et la rémunération" pour sa mission.
"Cette affaire est une énorme connerie", a aussi confié à l'AFP un ministre, sous couvert d'anonymat. "On est ministre pour défendre l'intérêt général et quand ça s'arrête on passe à autre chose. Les anciens ministres n'ont pas je ne sais quel droit au recasage", a-t-il ajouté.
Sur le plateau de France 2, Mme Boutin a estimé au contraire que l'affaire posait "une question fondamentale, qui est celle de savoir dans un Etat de droit où la loi est respectée, s'il faut plier sous le poids de la tourmente médiatique".
Présidente du Parti Chrétien-Démocrate (PCD), Christine Boutin avait été évincée du gouvernement en juin 2009 mais était resté alliée à l'UMP, tout en se montrant parfois critique pour l'exécutif, comme lors du débat sur l'identité nationale.
Du coup, le traitement qui lui a été accordé a également alimenté les commentaires sur son attitude vis-à-vis de la majorité, certains se demandant si cette mission rémunérée n'était pas le prix de son renoncement à se présenter à la présidentielle de 2012.
Christine Boutin, qui laisse planer le doute depuis plusieurs semaines sur la question, s'est déclarée "profondément blessée" par une telle analyse.
"Je vous le dis très clairement. Il est tout à fait possible que je me présente en 2012 à la présidentielle", a-t-elle prévenu.