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L'Église catholique béatifie le père Jerzy Popieluszko

Assassiné en 1984 à 37 ans, le prêtre polonais Jerzy Popieluszko, qui fut l'aumônier du syndicat Solidarité, est béatifié ce dimanche à Varsovie. L'Église entend saluer ainsi le combat qu'il a mené contre le régime communiste en Pologne.

AFP - Le prêtre polonais Jerzy Popieluszko, un nouveau bienheureux de l'Eglise catholique, a payé de sa vie le combat pour la liberté qu'il a mené il y a un quart de siècle contre le régime communiste en Pologne.

Aumônier du syndicat Solidarité de Lech Walesa et vicaire à la paroisse Saint-Stanislas de Varsovie, le père Popieluszko fut enlevé et assassiné en octobre 1984, à l'âge de 37 ans, par un commando de la police politique (SB) du régime.

"Il fut un homme de dialogue et de réconciliation. Il fut aussi gardien de la frontière qui sépare le bien du mal", a déclaré quelques jours avant sa béatification l'archevêque de Varsovie, Mgr Kazimierz Nycz.

Jerzy Popieluszko est né en 1947 à Okopy, un petit village du nord-est de la Pologne, dans une famille modeste de paysans.

Très pieux dès sa plus jeune enfance, il est garçon de choeur dans son village avant d'entrer au séminaire à Varsovie, à l'âge de 18 ans.

Dévoué au mouvement anticommuniste Solidarnosc, le père Popieluszko aide ses militants, persécutés et réduits à la clandestinité après l'instauration de la loi martiale par le général Wojciech Jaruzelski en décembre 1981.

Il célèbre ensuite dans son église des "messes pour la patrie", qui attirent régulièrement des milliers de fidèles, venus des quatre coins de Pologne, au grand dam du pouvoir communiste.

"Son presbytère est ouvert à tous ceux qui ont besoin d'aide. Vêtu d'un pull noir, il écoute attentivement ses visiteurs, sans méfiance", se rappelle l'un de ses paroissiens.

Dans ses homélies, le père Popieluszko n'hésite pas à dénoncer ouvertement la répression policière, la censure et les persécutions des opposants au régime.

"La violence n'est pas une preuve de force mais de faiblesse. Celui qui n'a pas su s'imposer par le coeur ou par l'esprit, cherche à gagner par la violence", disait-il en pleine loi martiale.

"En réclamant la vérité, nous devons la prêcher nous-mêmes. En réclamant la justice, nous devons être justes avec nos proches. En demandant le courage, nous devons nous-mêmes être courageux chaque jour", dira-t-il cinq mois avant sa mort.

Son mot d'ordre chrétien "vaincre le mal par le bien", qu'il répète souvent lors de ses offices religieux, fait une carrière nationale.

Las des avertissements lancés à l'Eglise, le pouvoir communiste décide de réduire lui-même le père Popieluszko au silence.

Le 19 octobre 1984, au retour d'une visite pastorale à Bydgoszcz (nord-ouest), la voiture de l'ecclésiastique est arrêtée par un véhicule banalisé de la police. Le père Popieluszko est battu, ligoté et jeté dans le coffre de la voiture policière, puis précipité dans les eaux de la Vistule.

Mais le chauffeur du prêtre, Waldemar Chrostowski, un ancien parachutiste, parvient à s'enfuir et à donner l'alerte.

Comme il n'est plus possible de taire la vérité, le régime sacrifie les auteurs directs de l'assassinat. Le capitaine Grzegorz Piotrowski, chef du commando, est condamné à 25 ans de prison et ses deux lieutenants écopent de 15 ans, au terme d'un procès retentissant.

Ils sont désormais en liberté tous les trois, alors que les commanditaires du crime n'ont jamais été formellement identifiés.

La tombe du prêtre, aménagée dans l'enceinte de son église Saint-Stanislas, est devenue lieu de pèlerinages. Son histoire a inspiré plusieurs cinéastes.

Le procès en béatification du père Jerzy Popieluszko a été ouvert en 1997 par le pape Jean Paul II, et son successeur Benoît XVI a approuvé le 19 décembre dernier la béatification du prêtre polonais.