Revenu en Égypte en février, l'ex-patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) multiplie les déclarations contre le régime du Caire. Interrogé par FRANCE 24, il évoque sa possible candidature à la présidentielle de 2011.
De retour en Égypte, son pays natal, depuis février, l'ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed El-Baradei, ne cache plus son intention de se présenter à la présidentielle programmée en septembre 2011. Sous certaines conditions toutefois.
"Je serai candidat si les élections sont libres et équitables, ce qui nécessite que des garanties soient mises en place pour veiller à ce que j’ai de réelles chances, explique-t-il à FRANCE 24. Ma principale priorité, c’est de veiller à ce que [le pays] passe d’un système autoritaire à un système démocratique."
Ces derniers mois, le prix Nobel de la paix de 2005 a fustigé à plusieurs reprises le manque de démocratie en Égypte et le régime autoritaire de l’actuel président, Mohamed Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
"Beaucoup de gens compte sur moi, je ne peux pas les laisser tomber"
"L’Egypte n’est pas en bonne situation. Nous n’avons pas de démocratie, la situation économique est mauvaise. Beaucoup de gens compte sur moi pour que je sois un vecteur de changement et je ne peux pas les laisser tomber", ajoute Mohamed El-Baradei, aujourd'hui âgé de 67 ans.
Encore faut-il, pour cela, que la Constitution soit modifiée. "Il faut que je puisse participer en tant qu’indépendant ce qui nécessite un changement" de la Loi fondamentale égyptienne.
La Constitution égyptienne impose aux candidats indépendants d'obtenir l'appui de 250 élus, dont au moins 65 membres de l'Assemblée nationale, 25 du Conseil consultatif (Sénat) et au moins dix élus municipaux. Une option pratiquement exclue dans le cas d'El-Baradei, en raison de la domination du Parti national démocratique (PND, au pouvoir) sur le Parlement et les municipalités.
L'ancien patron de l'AIEA ne semble pas convaincu qu’un changement de la Constitution puisse avoir lieu. "Le gouvernement va-t-il respecter cela ? Pour moi, c’est quelque chose qui doit être fait", botte-t-il en touche.
Les analystes estiment qu'El-Baradei pourrait constituer un réel défi pour le régime d’autant que des rumeurs persistantes en Égypte affirment que le président actuel préparerait son fils de 44 ans, Gamal Moubarak, à être "l'héritier du pouvoir".