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L’assassinat de Chapour Bakthiar était presque parfait...

En août 1991, Vakili Rad et deux complices assassinent l'ancien Premier ministre du shah Reza Pahlan, Chapour Bakthiar. Ce meurtre politique est l'un des plus retentissants qui a eu lieu sur le sol français.

L’ex-Premier ministre iranien, Chapour Bakhtiar, a été assassiné à Suresnes en 1991 par un commando de trois personnes. Parmi eux, Vakili Rad, sorti de prison mardi et mis sous liberté conditionnelle. Un épisode qui devrait clore la page de l’un des meurtres politiques les plus retentissants des années 90 sur le sol français.

 Après la révolution islamique de 1979, l'ex-Premier ministre du shah, Chapour Bakhtiar, vient se réfugier en France où il bénéficie d’une protection policière 24 heures sur 24. A plusieurs reprises, cet apôtre de la démocratie en Iran échappe à des tentatives d’assassinats qui seraient orchestrées depuis la République islamique. Jusqu’à cet été 1991…

 Cette fois-ci le plan est préparé avec minutie. Selon le rapport d’enquête menée par la police après le meurtre et obtenu par le Los Angeles Times, plusieurs ministères iraniens ont été mis à contribution pour fomenter l'attaque. Ce que l’Iran a toujours nié. Des agents dormants en Turquie, Angleterre et aux Etats-Unis ont pris part à la préparation de l’assassinat. Les services secrets iraniens ont même réussi à retourner le chef de la sécurité personnel de Chapour Bakhtiar.

 C’est grâce à ce proche de Bakhtiar que tout a pu être possible. Il prévient ses contacts qu’au mois d’août 1991, l'ancien Premier ministre serait quasiment seul chez lui en banlieue parisienne. C'est lui encore qui introduit les deux tueurs auprès de son employeur pour la rencontre fatidique.

 Fuite émaillée de bourdes

Elle a lieu à 17 heures, le 6 août 1991. Vakili Rad et l'un de ses complices Mohammad Azadi vont poignarder l’ancien Premier ministre à 13 reprises puis lui couper la gorge. Ils assassinent également son assistant puis dissimulent tranquillement les corps et disparaissent. Il faudra 42 heures à la police française pour découvrir le corps sans vie de Chapour Bakhtiar à son domicile.

Mais leur fuite va être émaillée de bourdes. En effet, les deux meurtriers ne parlent pas français ce qui va considérablement compliquer leurs affaires. Selon le plan initial, ils devaient rejoindre au plus vite la Suisse où ils seraient exfiltrés vers l’Iran. Mais il leur faudra plusieurs jours pour y arriver. En chemin, ils téléphonent plusieurs fois à des contacts apparaissant ainsi sur le radar des services de renseignements français.

Vakili Rad, perdu dans Genève, rate le rendez-vous avec son contact de 10 minutes. La police suisse n’a plus qu’à le cueillir sur les bords du Lac Leman. Il est promptement extradé en France où le juge anti-terroriste, Jean-Louis Bruguière, va l’interroger.

Au final, il sera le seul acteur direct de l’assassinat à comparaître devant la justice. Il sera jugé en compagnie de la personne qui avait fourni des faux papiers aux deux agents secrets et celles qui étaient chargées d’exfiltrer Vakili Rad de Suisse. Le juge Bruguière voulait étendre son enquête à des hauts responsables iranien ce à quoi le pouvoir de l’époque, sous la présidence de François Mitterrand, avait répondu qu’il s’agissait du "procès d’un meurtre et non pas d’un régime".

Tags: Justice, Iran, France,