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Haroun, "Un Homme qui crie" pour faire exister le cinéma africain sur la Croisette

, envoyée spéciale à Cannes – "Un Homme qui crie", de Mahamat-Saleh Haroun, fait entrer sur la Croisette les tumultes de N'Djamena. Le réalisateur tchadien a accordé une interview à notre équipe cannoise (vidéo ci-contre).

Quand Sandrine Bonnaire, marraine du Pavillon des Cinémas du monde cette année, juge que les films africains sont souvent empreints de violence, "Un Homme qui crie" lui donne tort. Dans son septième long-métrage, le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun relègue la guerre civile en toile de fond, et se concentre sur les difficultés pour un père et son fils d’assumer leur filiation.

Un ex-champion de natation (Youssouf Djaoro) se raccroche à sa passion au travers de son métier de maître-nageur. Un jour, la direction du luxueux hôtel pour lequel il travaille lui annonce que son fils (Diouc Koma) prend le relais. Anéanti, l’homme envoie son fils à "l’effort de guerre" et donc à la mort.

"Un Homme qui crie" n’est pas un film sur la guerre, mais sur ceux qui la subissent. Le réalisateur tchadien s’est exilé à Paris depuis 1982 mais persiste à tourner dans son pays d’origine à ses risques et périls. Les tournages de ses deux précédents films ont été bousculés par les attaques des rebelles : "Daratt" - prix spécial du jury lors de la 63e édition de la Mostra de Venise en 2006 - puis "Expectations", deux ans plus tard. Comme deux fantômes qui le hantent, sa filmographie est dictée par les thèmes de la filiation et de la guerre.

Les plans sont longs, souvent silencieux. Les combats entre l’armée régulière et les rebelles sont suggérés - par un bruit d’hélicoptère qui passe au dessus d’une tente, par exemple. Malgré une distribution très restreinte, le spectateur peine à se projeter dans cette vie de famille, ses démons et son enfer… jusqu’aux cinq dernières minutes du film, où la dureté d’une scène si doucement amenée éclate au visage.

Après le succès d'"Abouna" en 2002, déjà sélectionné dans la Quinzaine des réalisateurs, le jury de Tim Burton sera-t-il réceptif à un cinéma narratif et aux effets de caméras assez dépouillés ?