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Le président déchu Bakiev a trouvé refuge au Bélarus

Le président Kourmanbek Bakiev (photo) a été localisé. Le chef de l'État biélorusse, Alexandre Loukachenko, a révélé avoir offert asile à son homologue kirghize, renversé au début du mois à la faveur d'un soulèvement populaire.

AFP - Le président déchu du Kirghizstan est au Bélarus, a révélé mardi le chef de l'Etat de cette ancienne république soviétique, Alexandre Loukachenko, levant le mystère sur l'endroit où Kourmanbek Bakiev avait trouvé refuge.

Cette annonce intervient alors que les nouvelles autorités du Kirghizstan peinaient

encore mardi à rétablir l'ordre dans ce pays d'Asie centrale, deux semaines après un soulèvement populaire sanglant qui a provoqué le départ de M. Bakiev et fait 85 victimes.

"Bakiev et sa famille, quatre personnes en tout, sont à Minsk depuis lundi soir, en tant qu'invités", a déclaré M. Loukachenko dans un discours au Parlement bélarusse, empreint de compassion.

"Bakiev m'a demandé plusieurs fois de l'accueillir. Il ne le demandait pas pour lui-même, c'est ce qui m'a ému jusqu'aux larmes. Il a demandé 'Alexandre, prends ma famille. C'est dur pour les enfants, ils ne sont coupables de rien'", a souligné M. Loukachenko.

Après la promesse d'accueil au Bélarus, "il m'a dit 'mais ce sera mauvais pour toi'", selon le récit de M. Loukachenko: "je lui ai dis 'quel mal? Tu es le président du pays et pas un paria. Je me suis imaginé toute cette situation et dans la nuit de lundi j'ai ordonné aux services compétents d'organiser le transfert de Bakiev à Minsk", a-t-il encore dit.

Et M. Loukachenko d'ajouter: "La famille est défaite (...) On n'a pu accueillir que quatre personnes ici à Minsk, et elles se trouvent sous la protection de notre Etat".

Le président déchu s'était envolé jeudi du Kirghizstan pour le Kazakhstan voisin, où il a remis sa démission après des négociations coordonnées par la Russie et les Etats-Unis en vue d'apaiser les tensions.

Lundi, un porte-parole de la diplomatie kazakhe avait indiqué que M. Bakiev avait quitté le Kazakhstan, ajoutant ne pas connaître sa destination.

Le nouveau gouvernement intérimaire kirghiz a fait savoir que M. Bakiev devra être traduit en justice à la suite des affrontements au début du mois à Bichkek, qui ont renversé le régime de M. Bakiev, accusé par ses détracteurs de corruption et népotisme.

Au Kirghizstan, la situation restait tendue mardi. Des centaines de policiers patrouillaient à Maevka, un village de la banlieue de Bichkek, théâtre d'affrontements sanglants lundi avec les forces de l'ordre lorsque des Kirghiz se sont appropriés des parcelles de terre appartenant à des Russes et des Turcs chassés de leurs propriétés.

"Tous les provocateurs et chefs de bande seront punis conformément à la loi", a averti le gouvernement intérimaire formé au début du mois.

A Moscou, le président russe, Dmitri Medvedev, a fait part de son soutien au nouveau gouvernement kirghiz, lors d'une rencontre mardi avec Islam Karimov, président de l'Ouzbékistan, pays voisin du Kirghizstan.

"La Russie et l'Ouzbékistan veulent que les autorités du Kirghizstan soient fortes et la prospérité pour la population", a déclaré M. Medvedev.

Le Kremlin a aussi ordonné mardi soir au ministère russe de la Défense de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens russes et de leurs biens au Kirghizstan, selon les agences russes qui n'apportent pas plus de précisions.

Les incidents survenus à Maevka ont fait cinq morts, dont deux ont succombé à des blessures par balles, a indiqué le ministère kirghiz de la Santé. Quarante personnes ont été blessées, parmi lesquelles dix policiers, selon le ministère de l'Intérieur.

Ce village est habité par des Kirghiz, des Russes et des Turcs Meskhetian. Ces derniers ont vécu en Géorgie jusqu'en 1944 avant d'être déportés en Asie centrale par le régime du dictateur soviétique Joseph Staline.