Lancé jeudi depuis Baïkonour au Kazakhstan, le satellite Cryosat 2 sera chargé de mesurer les glaces polaires afin de mieux comprendre le réchauffement climatique. Le lancement de son prédécesseur avait échoué en 2005.
AFP - Le satellite Cryosat 2 destiné à l'étude des glaces terrestres, lancé jeudi avec succès par une fusée russe Dniepr depuis Baïkonour au Kazakhstan, est un outil essentiel pour comprendre le réchauffement climatique.
Cryosat 2 qui doit mesurer précisément l'altitude des glaces continentales et l'épaisseur de la banquise, remplace le satellite CryoSat d'origine dont le lancement avait échoué en 2005.
Le succès était au rendez-vous jeudi pour Cryosat 2 : lancé à 13h57 GMT, le satellite s'est correctement séparé du lanceur environ un quart d'heure après la mise à feu, a indiqué l'Agence spatiale européenne (ESA).
Cryosat 2 "entame sa mission glacaire", selon la société Astrium qui s'est félicitée du lancement avec succès du satellite dont elle était maître d'oeuvre industriel.
Après GOCE, destiné à connaître la forme exacte de la Terre en mesurant son champ de gravité et SMOS, qui détecte l'humidité des sols et la salinité des océans, Cryosat-2 est le troisième satellite du programme "Planète vivante" de l'ESA.
Il doit se consacrer à l'étude de la fonte des glaces polaires, avérée dans l'hémisphère nord, qui est un enjeu majeur pour comprendre le réchauffement climatique.
"Nous savons grâce à nos satellites radar que l'étendue des glaces de mer va décroissant mais il nous faut d'urgence établir comment évolue leur volume", a déclaré Volker Liebig, Directeur des Programmes d'observation de la Terre à l'ESA.
"Pour réaliser ce calcul, les chercheurs ont notamment besoin d'informations sur l'épaisseur des glaces, ce qui est précisément l'objectif de notre nouveau satellite CryoSat", a ajouté ce responsable, cité dans un communiqué de l'ESA.
En réfléchissant la lumière du Soleil, la masse blanche des glaces limite la quantité de chaleur absorbée par la Terre. La banquise agit également comme un isolant en réduisant très fortement les échanges thermiques entre l'océan gelé et l'atmosphère.
Enfin, la fonte des calottes polaires fait monter le niveau des mers à un rythme qui est passé de 1,8 mm/an à 3 mm/an au cours du demi-siècle passé.
"La glace couvre 15 millions de km2 sur Terre", souligne Michel Verbauwedhe, coordinateur des programmes d'observation de la Terre à l'ESA.
Les scientifiques disposent déjà de relevés ponctuels et de certaines mesures d'autres satellites comme Envisat, mais aucun n'est spécifiquement dédié à l'observation des glaces.
"La hauteur très précise des glaces continentales et l'épaisseur des glaces de mer est une dimension qui manque aux géophysiciens", selon Eric Perez, directeur des programmes d'observation de la Terre chez Astrium.
Mesurée par l'onde réfléchie de radars altimètres conçus par Thalès Alenia Space et grâce à l'instrument de géolocalisation Doris développé par le Centre national (français) d'études spatiales, le Cnes, cette épaisseur sera donnée avec une précision de 2 à 5 cm.
Cryosat sait notamment faire la différence entre l'onde réfléchie sur l'eau et celle réfléchie sur la glace émergée. Et grâce au principe de la poussée d'Archimède, on peut connaître l'épaisseur de l'ensemble de la banquise ou des icebergs, environ dix fois plus importante que celle de leur partie émergée.
Pour garantir sa stabilité, Cryosat, qui survolera la Terre à 720 km d'altitude, est un satellite de 700 kilos très compact, dont les panneaux solaires ne se déplient pas.
Sa durée de vie prévue est de seulement trois ans, car il lui faudra utiliser du carburant pour maintenir son altitude.
Cryosat devrait commencer à livrer des données à la communauté scientifique dès cet été. Selon l'Esa, une soixantaine d'équipes représentant de 200 à 300 chercheurs se sont déclarées intéressées.