![Le chef de la junte met l'opposition en garde contre toute campagne "calomnieuse" Le chef de la junte met l'opposition en garde contre toute campagne "calomnieuse"](/data/posts/2022/07/15/1657886791_Le-chef-de-la-junte-met-l-opposition-en-garde-contre-toute-campagne-calomnieuse.jpg)
À l'occasion du défilé annuel des forces militaires birmanes, Than Shwe s’est adressé aux formations politiques susceptibles de participer aux élections législatives d’octobre pour les mettre en garde contre toute campagne "calomnieuse".
AFP - Le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte birmane, a mis en garde les partis politiques samedi contre toute campagne "calomnieuse", à quelques mois des premières élections législatives depuis 20 ans, prévues en principe en octobre ou novembre prochain.
Le numéro un birman, 77 ans, s'est adressé en tenue d'apparat à 13.000 soldats pour le défilé annuel des forces militaires à Naypyidaw, ville nouvelle bâtie au milieu de la jungle birmane et promue capitale en 2005 à la place de Rangoun.
"Une campagne indécente ou inappropriée doit être évitée, telle que la calomnie de partis ou d'hommes politiques destinée à s'assurer une victoire aux élections", a déclaré Than Shwe après avoir passé les troupes en revue, debout dans sa limousine décapotable.
L'officier, qui dispose d'un pouvoir absolu sur la conduite du pays, a par ailleurs dénoncé l'ingérence des pays étrangers.
"Au cours de la transition vers un système nouveau, les pays qui ont plus d'expérience s'ingèrent habituellement (dans les affaires intérieures birmanes) et défendent leurs propres intérêts", a-t-il dénoncé jugeant "absolument nécessaire d'éviter de s'appuyer sur les puissances extérieures".
La junte birmane est violemment critiquée par la communauté internationale depuis qu'elle a promulgué une série de lois encadrant le scrutin, début mars, qui lui assure un contrôle total de l'ensemble du processus électoral et en écarte tous les opposants, dont la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
Le régime interdit en effet aux détenus d'appartenir à un parti, une mesure qui oblige la Ligue nationale pour la démocratie (LND), si elle veut participer aux élections, à exclure Mme Suu Kyi de ses instances puisqu'elle purge une peine de 18 mois de résidence surveillée.
Une réunion du Groupe des amis de la Birmanie aux Nations unies, convoquée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a appelé la junte cette semaine à des élections "sans exclusive, participatives et transparentes". De très nombreux pays ont pour leur part directement mis en cause la crédibilité de la consultation.
Samedi, Than Shwe n'a pas annoncé la date des élections, les premières depuis la victoire en 1990 de la LND, jamais entérinée par les militaires.
"Les candidats disposeront d'environ six mois pour faire campagne après avoir enregistré leur parti", a cependant indiqué à l'AFP un responsable birman en marge des célébrations. "Les élections se tiendront la dernière semaine d'octobre ou tout début novembre", a-t-il assuré.
Plusieurs analystes et dissidents estiment que même complètement verrouillées par l'appareil militaire, ces élections provoqueront un début de changement que le régime pourrait avoir du mal à maîtriser sur le long terme.
Samedi, Than Shwe a pour autant rappelé que l'armée n'avait nullement l'intention d'abandonner le pouvoir.
Les militaires "redeviendront des hommes politiques et s'engageront dans la politique nationale quand le moment sera venu (...)", a-t-il indiqué. "Les élections de cette année ne représentent que le début d'un processus de promotion de la démocratie".
Le scrutin constitue l'une des étapes de la "feuille de route" vers une "démocratie disciplinée" suivie par la junte, de même que l'adoption il y a deux ans par référendum, juste après le passage du cyclone Nargis (138.000 morts ou disparus), d'une nouvelle constitution.
Celle-ci stipule notamment qu'un quart des sièges sont réservés aux militaires à l'issue des élections.