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Le géant européen de l'aéronautique annonce une perte nette de 763 millions d'euros en 2009. Les déboires de ses deux projets phares, l'A380 et l'avion de transport militaire A400M, ont eu un fort impact sur ses résultats.

REUTERS - EADS a déclaré mardi viser un résultat opérationnel d'environ un milliard d'euros en 2010 après avoir publié des résultats annuels marqués par les difficultés de ses deux grands programmes, l'A400M et l'A380.

Le groupe européen d'aéronautique et de défense a annoncé son intention de ne pas verser de dividende 2009 mais envisage de rémunérer à nouveau les actionnaires au titre de l'exercice 2010.

Vers 10h00, une demi-heure après l'ouverture de la Bourse de Paris, l'action EADS reculait de 5,32% à 15,03 euros.

"La perspective pour 2010 est très décevante. Au-delà, l'évolution du contrat des ravitailleurs est une déconvenue; l'augmentation de la production des monocouloirs est positive mais à moyen terme seulement", souligne Markus Turnwald, analyste auprès de DZ Bank.

EADS a indiqué qu'il entendait relever les cadences de production des monocouloirs d'Airbus, sa première division, à partir de décembre prochain. A cette date, le constructeur assemblera 36 avions de la famille A320 par mois, contre 34 actuellement.

Airbus devrait en outre livrer le même nombre d'avions cette année qu'en 2009 (498 livraisons) et espère placer entre 250 et 300 commandes brutes. Eurocopter de son côté prévoit une baisse de ses livraisons de 6%.

"Le redressement progressif du trafic aérien et des revenus des compagnies aériennes, notamment sur les marchés émergents, devrait commencer par stabiliser leurs finances avant d'enclencher un mouvement de reprise des commandes d'avions", explique EADS dans un communiqué.

"À l'avenir, la performance de l'EBIT d'EADS dépendra de la capacité du groupe à exécuter les programmes A400M, A380 et A350, conformément aux engagements passés avec ses clients", ajoute-t-il.

Le partenaire d'EADS aux Etats-Unis, Northrop Grumman, a décidé lundi de renoncer à participer à l'appel d'offres lancé par l'armée de l'air américaine pour le remplacement de ses avions ravitailleurs, un marché dont la première tranche est évaluée à quelque 35 milliards de dollars. Cette décision laisse Boeing, grand concurrent d'EADS, seul en course.

Au cours d'un point de presse, Louis Gallois, président exécutif d'EADS, a toutefois souligné que ses équipes n'envisageaient pas de présenter une offre sans partenaire.

"Nous n'avons aucune chance de gagner la compétition dans ces conditions", a-t-il fait valoir.

L'A380, UNE CHARGE DE 457 EUROS LA MINUTE

EADS a été pénalisé l'an passé par une nouvelle provision de 1,8 milliard d'euros au titre du programme d'avion de transport militaire A400M et par une charge de 240 millions liée au gros porteur A380, soit 457 euros par minute, auxquelles s'ajoutent des effets de change défavorables estimés à 2,5 milliards.

La perte opérationnelle 2009 d'EADS ressort à 322 millions d'euros, à comparer à un résultat de 2,83 milliards en 2008. La perte nette s'inscrit à 763 millions d'euros, contre 1,57 milliard un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires marque une diminution de 1% à 42,82 milliards d'euros.

Avant éléments exceptionnels, le résultat opérationnel s'élève à 2,2 milliards d'euros. Huit analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne 694 millions.

A fin décembre, la trésorerie nette atteignait 9,8 milliards d'euros, contre 9,2 milliards fin 2008.

EADS avait prévenu vendredi que ses résultats basculeraient dans le rouge du fait d'une nouvelle "charge A400M". Celle-ci porte à 4,2 milliards d'euros la provision totale du groupe sur le programme mais intervient néanmoins à la suite d'un accord avec les pays clients qui autorise la poursuite du projet.

"De manière tout à fait exceptionnelle, compte tenu de l'importance des pertes constatées en 2009, le conseil d'administration d'EADS propose à l'assemblée générale des actionnaires de ne pas verser de dividende au titre de l'exercice", explique EADS.

Louis Gallois a en revanche précisé que l'entreprise prévoyait de reprendre le versement d'un dividende l'année prochaine.