L’Agence européenne de défense va bientôt fêter ces 6 ans, presque l’âge de raison. A t’elle remplie les objectifs qui lui avait été fixés lors de sa création? Peut-elle se targuer d’avoir contribué à améliorer significativement les capacités de défense des états membres de l'UE? C’est l'enquête que nous vous proposons cette semaine dans le nouveau journal de l’Intelligence économique.
L'Agence européenne de défense, créé le 12 juillet 2004, est désormais présidée par la britannique Catherine Ashton, nouvelle Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères. L’organe décisionnel de cette institution est composé de la réunion des ministres de la défense des pays membres de l'UE à l’exception du Danemark.
Depuis sa création, cette institution affiche de grandes ambitions : Développer les capacités militaires de l'Union, promouvoir la recherche et la coopération industrielle dans le domaine de la défense, créer un marché européen concurrentiel de la défense…Malheureusement elle ne semble pas avoir les moyens de les réaliser.
L’EDA ne peut pas encore revendiquer les bons résultats de son aîné l'Otan qui a su devenir rapidement une organisation militaire interétatique efficace. Il faut dire qu'à sa création le contexte de guerre froide avait contraint les uns et les autres à s'unir pour se protéger.
A l'heure actuelle les relations diplomatiques entre états européens connaissent une période d'accalmie et rien ne les oblige plus à mutualiser leurs politiques de défense, attribut symbolique de leur souveraineté. A moins que la crise économique qui incite à faire des économies ne serve de catalyseur…
Mais l’agence a vraiment du mal à asseoir sa crédibilité. Selon Philippe Esper président du Conseil économique de la défense, c’est essentiellement parce qu’elle s'occupe de coordination et n'a pas réellement de pouvoir de coercition sur les états membres. En réalité il s’agit surtout d’un outil d'incitation politique.
A l'échelle européenne la défense s'articule autour de deux champs d'action. Les opérations extérieures placées sous le commandement de l'Union Européenne, comme au Tchad avec l'Eufor. Mais dans ce domaine les armées des pays membres qui disposent déjà d'États major sont capables d'organiser des opérations et n'ont pas besoin du soutien des institutions communautaires.
En revanche la politique industrielle de l'armement, nécessite de plus grands efforts de coordination à l'échelle européenne, comme le prouve les retards du programme A 400 M. Et c’est à ce niveau que l’EDA a véritablement un rôle à jouer.