![Le gouvernement turc annonce une révision de la Constitution Le gouvernement turc annonce une révision de la Constitution](/data/posts/2022/07/15/1657881792_Le-gouvernement-turc-annonce-une-revision-de-la-Constitution.jpg)
Alors que le pays traverse une grave crise provoquée par un présumé complot anti-gouvernemental en 2003, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé une révision de la Constitution pour "la mettre aux normes européennes" de démocratie.
AFP - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dimanche une prochaine révision de la Constitution pour la mettre aux normes européennes de démocratie, au moment où son pays traverse une crise provoquée par un présumé complot militaire visant son gouvernement en 2003.
"Il ne s'agira pas de réviser de fond en comble la Constitution, mais nous envisageons d'amender certains articles", notamment celui sur l'interdiction des partis politiques et le fonctionnement de la justice, a déclaré M. Erdogan au cours d'une conférence de presse.
La Constitution turque actuelle, élaborée dans le sillage du coup d’État militaire de 1980, fait l'objet de contestations.
"Nous procéderons rapidement afin d'en discuter avec les partis politiques" représentés à l'Assemblée nationale, a-t-il souligné, précisant que les amendements à venir s'inscrivaient dans les efforts de la Turquie de s'aligner sur les normes européennes de démocratie.
La Constitution turque a été amendée plusieurs fois, notamment entre 2001 et 2004, pour permettre à Ankara de satisfaire aux conditions nécessaires à l’ouverture des négociations avec l’Union européenne.
Une révision constitutionnelle a été l'un des premiers objectifs du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), après sa large victoire aux législatives de 2007.
Mais ensuite, après la rédaction d’une première mouture de la Constitution par une commission d’experts, le projet s’est enlisé, victime des conflits déclenchés par des débats sur la laïcité qu’il avait provoqués.
L'AKP, au pouvoir depuis 2002, ne dispose pas au Parlement de la majorité nécessaire pour adopter à lui seul une révision de la loi fondamentale et pourrait pour cette raison soumettre son projet à un référendum populaire.
Certains des amendements que le gouvernement veut introduire, comme celui rendant la dissolution des partis politiques plus difficile, ont déjà fait l’objet de polémiques et de conflits.
L'AKP avait échappé de justesse en 2008 à une interdiction pour activités anti-laïques. M. Erdogan a proposé samedi que toute demande de la justice d'interdire une formation politique soit soumise au feu vert du Parlement, une proposition contestée par les experts du droit constitutionel.
Les déclarations du Premier ministre interviennent alors que le pays traverse une crise entre le gouvernement et l’armée, gardienne du régime laïc, en raison d'une offensive judiciaire inédite lancée le 22 févirer et visant à élucider une présumée conspiration militaire remontant à 2003. Trente-trois officiers supérieurs ont été inculpés et écroués dans cette affaire.
Une quinzaine de militaires étaient encore interrogés dimanche par des procureurs d'Istanbul.
Ces personnes font partie d'un groupe de 18 militaires arrêtés vendredi par la police dans le cadre d'une deuxième vague d'interpellations dirigée contre l'élite militaire.
Ce complot présumé, mis au jour en janvier par un journal, visait à préparer le terrain à un coup d'Etat militaire par des actions violentes pour démontrer que le gouvernement était incapable d'assurer la sécurité du pays.
Si pour nombre d'intellectuels, ces arrestations représentent un progrès pour la démocratisation du pays, pour l'opposition il s'agit d'un acharnement judiciaire visant à affaiblir les défenseurs de la laïcité.
En Turquie l’armée a renversé ou provoqué la chute de quatre gouvernements en cinquante ans.
Environ 4.000 personnes, toutes tendances politiques confondues, ont manifesté dimanche sur la grande avenue piétonne Istiklal de la rive européenne d'Istanbul pour dénoncer les coups d'Etat en Turquie.