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RéessayerL’annonce a fait grand bruit en préambule de l’ouverture de la 35e édition de la CAN : la Coupe d’Afrique des nations, compétition reine du football africain, ne reviendra que tous les quatre ans à partir de 2028, au lieu de deux ans actuellement.
Le sujet divise. Certains saluent un changement salutaire pour le développement du football local. D’autres dénoncent une mise au pas du continent par la Fifa et les clubs européens.
"Le football est en train de changer, même si je ne suis pas d'accord avec ce football là, mais il faut s’adapter", a jugé le sélectionneur marocain Walid Regragui. "Il y a du bon et du moins bon" dans cette réforme, estime-t-il.
À l’image du technicien, les consultants de France 24, Hervé Kouamouo et Xavier Barret sont partagés. Le point sur les arguments des deux parties en trois rounds.
Un calendrier enfin rationalisé ou dicté par l’extérieur ?
"C’est une bonne nouvelle", juge Xavier Barret, qui loue un alignement sur l’Euro, la Copa America, le Championnat d’Asie qui ont déjà des rythmes quadriennaux. "La CAN est la seule compétition à avoir lieu tous les deux ans et ça suscite pas mal d'incompréhensions."
L'ancien journaliste de France Football rappelle les conflits récurrents que suscite la Coupe d'Afrique, qui a également la spécificité de se ternir généralement en hiver : "Pendant cinq semaines, vous avez vos joueurs professionnels que vous payez qui sont retenus pour la Coupe d'Afrique des nations en pleine saison", rappelle Xavier Barret.
En face, Hervé Kouamouo estime problématique la manière dont s'est faite cette réforme et sur ce que cela révèle de la gouvernance du football africain : "Tout le monde sentait que ça allait arriver ! La dernière CAN à avoir eu lieu en temps et en heure remonte à 2012", rappelant le long historique de reports, d'annulation ou déplacements de l'évènement.
"La CAN s'est mise en difficulté. Plus personne ne connait sa périodicité et on aboutit à cette solution défensive. Pour moi ce n'est pas une surprise", lâche le sociologue.
Un risque ou une chance financière ?
"Ce qui est rare est cher", analyse Xavier Barret. "Si vous avez une Coupe d'Afrique des Nations bien organisée tous les quatre ans, vous pourrez vendre les droits télé et les droits en sponsoring plus chers."
Pour Hervé Kouamouo, la CAF prend avec cette réforme le risque de mettre à mal l'équilibre financier de ses fédérations : "La vérité est que la CAN est aujourd'hui la seule compétition qui rapporte de l'argent" aux fédérations et à la CAF.
"Le rythme quadriennal est compliqué. On l'a vu avec la Fifa qui dépendait des revenus de la Coupe du monde. Pendant un moment, elle défendait le passage au Mondial tous les deux ans. Ils tentent aujourd'hui de se 'diversifier' avec le Mondial des clubs notamment", continue l'expert du football africain. "En Europe, la majorité des revenus vient de la Ligue des champions qui a lieu tous les ans."
La Ligue des nations, une chance pour l'Afrique ?
Xavier Barret souligne que le passage à un rythme tous les quatre ans s'accompagnera également de la mise en place d'une Ligue des nations bisannuelle, sur le modèle de ce qui fait en Europe et en Amérique du Nord.
"La Ligue des nations permettra d'avoir des confrontations beaucoup plus intéressantes au niveau du continent africain, parce qu'on aura effectivement régulièrement des matches entre le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Maroc, l'Algérie, Cameroun… Des matches qui intéresseront le monde entier", loue Xavier Barret. "Les confrontations entre plus petites équipes continueront d'exister dans les Ligues B, C, D. Les petites nations pourront progresser sans prendre de valises."
"Sur le plan théorique, c'est très bien", ironise Hervé Kouamouo. "Mais il y a une vingtaine de nations africaines qui n'ont pas de stade homologué à domicile. Si on veut que ça change, il faut des matches avec des tribunes pleines, de la ferveur populaire."
"Les pays africains de premier niveau bénéficieront de cette réforme mais pour moi, au niveau global, ce sera une perte", juge-t-il.
Conclusion : une rationalisation nécessaire mais des garanties à apporter
Les deux consultants de France 24 sont d'accord sur un point. Les Coupes d'Afrique des quinze dernières années avec les annulations, déplacements et reports incessants ont fait beaucoup de mal à la crédibilité de la compétition et du football africain. Reste que la réforme constitue une révolution pour le continent. Avec le risque d'ébranler le fragile édifice financier bâti depuis 70 ans.
Les instances dirigeantes doivent rassurer et éclaircir certains points, notamment cette succession de deux CAN en deux ans en 2027 et 2028 annoncée sur le papier...
