
Alors que le scrutin de dimanche s'annonce serré, la campagne s'est terminée vendredi dans une atmosphère tendue, sur fond d'accusations réciproques. Des manifestations massives pourraient avoir lieu à l'issue du vote.
AFP - La campagne pour la présidentielle en Ukraine s'est achevée vendredi dans un climat tendu, laissant craindre des manifestations à l'issue du scrutin de dimanche qui s'annonce serré.
L'opposant pro-russe Viktor Ianoukovitch et le Premier ministre Ioulia Timochenko ont rassemblé leurs supporters dans le centre de Kiev.
"Je demande à Dieu de nous donner de la sagesse et je lui demande pardon pour tous les actes injustes et malhonnêtes commis par le pouvoir que je représentais aussi", a dit Mme Timochenko, dans une prière collective dans le centre de Kiev devant quelques centaines de ses partisans.
A quelques centaines de mètres de là, un concert pop était donné en l'honneur de son rival, qui l'a distancée de dix points au premier tour.
"L'heure de la victoire approche (...) Nous avons observé pendant cinq ans comment ils ont détruit le pays (...) Le peuple leur montrera un carton rouge et les enverra à la retraite politique", a lancé M. Ianoukovitch.
Les candidats ont ensuite pris une dernière fois la parole sur les plateaux de télévision, la campagne s'arrêtant à minuit (22H00 GMT).
Viktor Ianoukovitch a promis dans une émission télévisée grand public de lutter contre la corruption et plaidé en faveur d'une "presse libre et indépendante", avant d'ajouter que les informations publiées sur lui dans les médias "n'étaient pas vraies à 90%".
it
Invitée sur une autre chaîné, Mme Timochenko a quant à elle "demandé pardon" aux Ukrainiens si elle "n'étais toujours pas à la hauteur" de leurs attentes. "Mais mes valeurs n'ont pas changé", a-t-elle assuré.
Signe des tensions existantes après une campagne agressive, les services secrets ukrainiens (SBU) ont pour leur part annoncé dans la soirée l'arrestation d'un homme "en possession d'engins explosifs et d'armes à feu" qui "aurait pu vouloir commettre un crime au cours" des rassemblements électoraux.
A l'avant-veille du scrutin de dimanche, l'opinion semblait avant tout soucieuse d'en finir avec l'instabilité politique qui a miné le pays ces dernières années, sous la présidence de Viktor Iouchtchenko, héros de la Révolution orange, sans trop attendre de l'élection elle-même.
Cristallisant les inquiétudes, M. Iouchtchenko, battu au premier tour de la présidentielle le 17 janvier, a appelé les forces de l'ordre à se mobiliser pour "couper court à toute manifestation de terrorisme".
Ces derniers jours, les candidats se sont mutuellement accusés de préparer des fraudes électorales et Mme Timochenko a brandi la menace de manifestations massives.
Son rival a rejeté ces accusations et relativisé cette menace, estimant que son adversaire se comportait en perdante. "Les gens normaux n'iront pas" manifester, a commenté M. Ianoukovitch.
La précédente présidentielle en 2004 déboucha sur un soulèvement pacifique pro-occidental, baptisé Révolution orange, dont Mme Timochenko fut l'égérie. Des centaines des milliers d'Ukrainiens manifestèrent alors contre la "victoire" de M. Ianoukovitch, finalement invalidée pour fraudes.
La presse ukrainienne se perdait pour sa part vendredi en conjectures sur la possibilité de vastes manifestations après le vote, plus vraisemblables si l'écart entre les finalistes s'avère mince.
Le vice-ministre de l'Intérieur, Iouri Loutsenko, a affirmé de son côté que le Parti des régions de M. Ianoukovitch avait fait venir 2.000 anciens officiers de l'armée et des forces de l'ordre dans la région de Kiev.
"Ils planifient d'organiser de grands rassemblements à Kiev ou cherchent à paralyser les activités de structures administratives", a-t-il dit, selon Interfax Ukraine.