
Une enfant palestinienne devant le corps d'une personne tuée en venant chercher des vivres dans un site de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) soutenue par Israël et les États-Unis, dans le centre de la bande de Gaza, le 4 août 2025. © AFP
Quand cessera la guerre que mène Israël à Gaza depuis 21 mois ? Le Premier ministre israélien entend la poursuivre, mais face à la pression internationale – et désormais interne – le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi 4 août qu'il donnerait des "instructions" à son cabinet au sujet de la poursuite de la guerre.
Ouvrant un conseil des ministres, Benjamin Netanyahu a annoncé qu'il convoquerait "cette semaine" son cabinet pour "donner des instructions" à l'armée "sur la manière d'atteindre les trois objectifs de guerre que nous avons fixés".
Israël entend dans le même temps mettre la question des otages "au centre de l'agenda mondial", a déclaré son chef de la diplomatie, Gidéon Saar, à la veille d'une session du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à ce dossier à son initiative.
"Nous sommes au milieu d'une guerre intense dans laquelle nous avons obtenu des succès très importants, historiques, car nous n'étions pas divisés [...]. Nous devons continuer à rester unis", a-t-il ajouté. Il a rappelé les "objectifs de la guerre", qui sont "vaincre l'ennemi, libérer nos otages et garantir que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël".
Israël mené "à la ruine"
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour y trouver une issue.
Près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire en Israël, du Mossad et du Shin Bet notamment, ont appelé lundi le président américain Donald Trump à faire pression sur Benjamin Netanyahu pour mettre fin à la guerre et ainsi ramener "les otages chez eux".
Benjamin Netanyahu "mène Israël à sa ruine et les otages à leur mort", a de son côté accusé le Forum des familles, la principale organisation de familles des captifs à Gaza.

"Depuis 22 mois, on vend au public l'illusion que la pression militaire et les combats intenses ramèneront les otages", mais ces discours "ne sont que mensonge et tromperie du public", a-t-il encore fustigé.
Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, 49 restent retenues à Gaza, dont 27 sont déclarées mortes par l'armée israélienne, après deux trêves ayant permis la libération des autres.
"Couloirs humanitaires"
La publication la semaine dernière par le Hamas et le Jihad islamique de trois vidéos montrant deux otages israéliens, Rom Breslevski et Evyatar David, très affaiblis et décharnés, a ravivé en Israël le débat sur la nécessité d'arriver au plus vite à un accord permettant le retour des captifs.
Benjamin Netanyahu s'est dit dimanche "choqué" par ces "vidéos d'horreur" et a sollicité l'aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour fournir "nourriture" et "traitement médical" aux otages.
Le Hamas a exigé en retour l'ouverture de "couloirs humanitaires [...] pour le passage de nourriture et de médicaments" dans le territoire palestinien assiégé et désormais menacé de "famine généralisée", selon l'ONU.
La communauté internationale presse aussi Israël, qui n'autorise que des quantités d'aide jugées insuffisantes par l'ONU, d'ouvrir en grand les vannes humanitaires à Gaza.

Sur le terrain, l'armée israélienne poursuit ses bombardements et opérations au sol. Selon la Défense civile locale, 19 Palestiniens ont été tués lundi, dont neuf venus chercher des aides alimentaires dans le centre du territoire.
"Peut-être que le monde se réveillera, mais cela n'arrivera jamais, ni pour les Arabes ni pour les musulmans", déplore dans la même région, à Deir el-Balah Abdullah Abou Musa, sur les décombres d'une maison. Sous le choc, il affirme à l'AFP que sa fille et la famille de cette dernière y ont été tuées dans une frappe israélienne.
"Énorme cadeau" au Hamas
Avant de partir pour New York, Gidéon Saar s'en est pris une nouvelle fois aux pays comme la France, la Grande-Bretagne et le Canada, qui ont récemment annoncé leur intention de reconnaître un État de Palestine. Ils font ainsi un "énorme cadeau au Hamas", a-t-il dénoncé.

"J'avais déjà averti [...] que reconnaître un État palestinien virtuel conduirait à tuer les chances de conclure un accord sur les otages et le cessez-le-feu. C'est exactement ce qui s'est passé", a-t-il assuré, en référence à l'échec en juillet de nouvelles négociations indirectes entre Israël et le Hamas.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 60 933 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.