Chef de file de l'opposition iranienne, Mir Hossein Moussavi a publié sur son site internet une violente diatribe contre le pouvoir en place à Téhéran. Les autorités ont, de leur côté, annoncé l'exécution prochaine de neuf opposants.
AFP - Les "racines de la tyrannie et de la dictature existent toujours" en Iran, a affirmé mardi le leader d'opposition Mir Hossein Moussavi dans une déclaration, estimant que "la révolution n'a pas atteint ses objectifs" d'éliminer le "totalitarisme" dans le pays.
Dans un long texte publié sur son site internet Kaleme.org à la veille du 31e anniversaire de la révolution islamique de 1979, M. Moussavi a estimé que l'on pouvait "identifier aujourd'hui (en Iran) les bases et les éléments qui produisent une dictature, ainsi que la résistance contre un retour à la dictature".
"Museler les médias, remplir les prisons et tuer brutalement des gens qui demandent pacifiquement le respect de leurs droits dans la rue montrent que les racines de la tyrannie et de la dictature de l'époque de la monarchie (du Shah) existent toujours", a ajouté l'ancien Premier ministre de l'imam Khomeiny devenu l'une des figures de l'opposition au président Mahmoud Ahmadinejad depuis la réélection contestée de ce dernier en juin.
Au début, "la majorité de la population était convaincue que la révolution allait supprimer toutes les structures qui mènent au totalitarisme et à la dictature", a poursuivi M. Moussavi.
"J'étais de ceux-là, mais aujourd'hui je ne le pense plus. Je ne crois pas que la révolution a atteint ses objectifs", a admis pour la première fois publiquement M. Moussavi, qui a dirigé le gouvernement iranien pendant les huit années de guerre contre l'Irak (1980-88).
Ces déclarations particulièrement virulentes d'un acteur majeur et respecté des premières années de la République islamique interviennent à la veille de l'anniversaire de la révolution, le 11 février, alors que le régime iranien traverse l'une des plus graves crises politique de son histoire.
La contestation par l'opposition interne au régime de la réélection du président Ahmadinejad en juin, jugée entachée de fraudes massives, s'est heurtée à une répression sévère.
De violentes manifestations antigouvernementales à répétition ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés depuis le 12 juin, et les dernières, qui ont fait huit morts lors du jour de deuil chiite de l'Achoura le 27 décembre, ont montré l'ampleur de la crise sept mois après son déclenchement.
Des milliers de manifestants ont été arrêtés, et des dizaines d'opposants condamnés parfois lourdement par les autorités, qui ont exécuté deux monarchistes la semaine dernière.
Le pouvoir a également multiplié les intimidations parfois physiques contre M. Moussavi et les autres leaders de l'opposition, accusés par l'aile dure du régime de vouloir renverser la République islamique.
"On peut voir partout dans ces comportements les restes d'un régime tyrannique", a encore estimé M. Moussavi en affirmant que "la dictature au nom de la religion est la pire des dictatures".