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Arrivée à Port-au-Prince

, envoyée spéciale à Port-au-Prince – Arrivés à Port-au-Prince, nous comprenons toute l’ampleur de l’événement. Pans de colline entiers - des bidonvilles - écroulés, des camps partout, des matelas dans les rues…

Le voyage a été long. Paris-Madrid, Madrid-Saint Domingue, et Saint-Domingue-Port-au-Prince en voiture. Les nouvelles venant de nos équipes arrivées sur place juste après le séisme ne sont pas bonnes. Le moral est faible, elles sont psychologiquement très éprouvées. Les autres n’en peuvent plus. Johan Bodin, caméraman, et Laurence Cuvillier, reporter, racontent les 10 derniers jours passés sur place, l’odeur de la mort, la détresse des Haïtiens, les membres entrevus dans les gravas.

L’arrivée à Port-au-Prince est chaotique : bouchons de voitures de l’ONU, de camions remplis de vivres, de voitures défoncées, sans pare brise, écrasées par le séisme. A quelques kilomètres seulement de la capitale, on ne voit que quelques signes de la catastrophe. Un mur écroulé, une fissure béante… Mais rien du chaos décrit dans les médias.

Les kilomètres défilent lentement. Au fur et à mesure, nous découvrons des camps de fortune, les panneaux demandant de l’aide, puis des maisons devenues de gros tas de miettes. Et à Port-au-Prince, nous comprenons toute l’ampleur de l’événement. Pans de colline entiers - des bidonvilles - écroulés, des camps partout, des matelas dans les rues…
Nous avons trouvé où loger. Un hôtel dans les hauteurs de la ville, à Port-au-Prince. Bel hôtel de luxe, piscine, petits canapés… complètement éventré. Et transformé en camp de base pour journalistes du monde entier. Pour moi, pas question de dormir dans l’une des chambres plus ou moins intactes. Les fissures lézardent les murs, les miroirs sont tombés… Je dresse ma tente sur la terrasse.

Nous partons dans un camp, à Canapé vert. Léa et Jessica préparent l’émission spéciale de mercredi, je pars de mon coté voir l’intérieur du camp. C’est dingue, les enfants courent, rigolent, les gens sourient avec une douceur à peine croyable dans ce contexte.

Nous repartons. Sur le coté de la route, un cadavre flambe, dégageant une odeur douceâtre de grillé. J’ai la nausée, je ne veux plus respirer.
Le soir, j’ai eu du mal à m’endormir. Les images défilent dans ma tête et, dehors, les chiens hurlent, ils ne s’arrêteront pas de la nuit. Ils ont faim.
A 3 heures, je me réveille en sursaut : un coup de feu tout proche. A 5 heures, ma tente commence à frémir, je me réveille, comme si on me secouait doucement pour que je me lève. Je viens de vivre mon premier tremblement de terre. "Bienvenue en Haïti" me lance mon voisin de tente.