Des bombardements russes sur la ville stratégique de Pokrovsk, un important centre logistique dans l'est de l'Ukraine menacé par l'avancée des troupes du Kremlin, ont fait au moins un mort, dimanche 15 septembre, ont rapporté les autorités locales.
"À 9 h 15, un bâtiment a été touché près d'une station-service par une frappe d'artillerie ennemie", a indiqué la municipalité de Pokrovsk sur Telegram.
Un autre bombardement, vers 11 h, a touché l'ouest de la ville, tuant une personne, selon la même source.
L'armée russe, plus nombreuse et disposant d'une plus grande puissance de feu, se trouve désormais, selon des observateurs militaires, à moins de dix kilomètres de Pokrovsk.
L'approvisionnement en eau courante et en gaz y a été coupé en raison des combats, ont annoncé jeudi les autorités locales. Des distributions d'eau potable ont été instaurées.
Des frappes russes ont également privé d'électricité de larges parties de la ville, a indiqué jeudi la mairie.
Cette semaine, les autorités locales et des médias ukrainiens ont également rapporté des frappes russes ayant endommagé deux ponts de Pokrovsk.
Face à l'approche des troupes du Kremlin, les autorités ont évacué depuis la mi-août des milliers d'habitants et appellent ceux qui y sont restés à partir.
Début septembre, le chef de l'administration de la région de Donetsk, Vadim Filachkine, avait affirmé que 26 000 personnes, dont plus d'un millier d'enfants, se trouvaient toujours à Pokrovsk, qui comptait environ 50 000 habitants avant l'invasion russe de février 2022.
D'autres villes de l'est de l'Ukraine, tels Bakhmout ou Marioupol, ont été conquises par Moscou après avoir été bombardées massivement et transformées en champs de ruines.
La Corée du Nord, "le plus gros problème" pour Kiev
Alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky reconnait une situation "très difficile" pour son armée dans la région de Donetsk, et que Moscou enregistre des gains territoriaux records depuis l'automne 2022, le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov estime que "le plus gros problème" pour Kiev demeure la Corée du Nord et ses livraisons massives d'obus d'artillerie à destination de la Russie.
"De tous ces alliés de la Russie, notre plus gros problème provient de la Corée du Nord, parce qu'avec le volume de produits militaires qu'elle fournit, elle affecte réellement l'intensité des combats", a-t-il déclaré lors d'une conférence Yalta European Strategy à Kiev.
Les autorités nord-coréennes "fournissent d'énormes volumes de munitions d'artillerie (...) c'est critique pour nous", a déclaré l'influent général Boudanov. "Malheureusement, (...) nous n'y pouvons rien pour l'instant", a-t-il admis.
"Le fait qu'ils fournissent aussi des missiles balistiques est désagréable", mais moins grave en raison de leur quantité moins importante, a-t-il encore assuré.
Le débat de France 24 Faut-il aider l'Ukraine à frapper la Russie ?
Les États-Unis et la Corée du Sud ont accusé Pyongyang d'avoir fourni des munitions et des missiles à la Russie pour soutenir son invasion de l'Ukraine, qui se poursuit depuis février 2022.
Des accusations rejetées par Pyongyang. Cependant, l'organisme d'enquête Conflict Armament Research a affirmé cette semaine que des analyses de débris montrent bien que "des missiles produits cette année en Corée du Nord sont utilisés en Ukraine".
Kyrylo Boudanov a par ailleurs affirmé que la Russie avait "fait des progrès considérables" dans la production de missiles balistiques Iskander et multiplié "de plusieurs fois" le nombre de bombes aériennes planantes, armes que l'armée russe utilise pour frapper des cibles civiles et militaires en Ukraine.
"Nous voyons maintenant clairement l'utilisation massive de missiles Iskander-M" à travers l'Ukraine, alors que "les bombes guidées posent un énorme problème sur la ligne de front" où elles sont lancées contre les troupes ukrainiennes, a-t-il dit.
Le général a néanmoins estimé que la Russie, actuellement à l'offensive sur le front en Ukraine, allait tenter de mettre fin à la guerre "avant 2026" pour éviter de voir ses positions s'affaiblir en raison d'accumulation de problèmes économiques dus notamment aux sanctions occidentales et ceux de mobilisation sur fond d'importantes pertes sur le front.
Kyrylo Boudanov, dont le département est réputé pour des opérations osées en profondeur de la Russie, a balayé les craintes occidentales d'une escalade dans ce pire conflit armé en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale.
"Tous ces dilemmes : y aura-t-il ou non une escalade ? Quelle escalade ? (...) Il n'y en aura pas", a-t-il lancé en appelant les Occidentaux à "ne pas avoir peur" de mieux armer l'Ukraine.
Épuisés par deux ans et demi de guerre, les Ukrainiens, eux, continueront à se battre, a assuré le militaire. "Nous nous battons pour notre terre et nous n'avons pas d'autre choix. On ne peux pas dire : 'je suis fatigué, c'est tout, je m'en vais' (...). C'est notre point fort".
Avec AFP