
Il y a 80 ans, en 1944, la bataille pour libérer Paris a duré du 19 au 25 août. Des milliers de personnes ont participé à l’insurrection.
Avec l'annonce de l'avance rapide des Alliés sur Paris depuis la victoire de la poche de Falaise lors des combats en Normandie, les cheminots se mettent en grève le 10 août, suivis par le métro de Paris, la gendarmerie le 13 août, puis la police le 15 août. La grève générale éclate finalement le 18 août.
Le jour même dans l'après-midi, le colonel Rol-Tanguy, chef régional des Forces françaises de l'intérieur (FFI) d'Île-de-France, fait apposer les affiches d'appel à la mobilisation des Parisiens et au déclenchement de l'insurrection.
Le lendemain, le 19 août au matin, deux mille policiers résistants s'emparent de la Préfecture de police, hissent le drapeau tricolore sur le bâtiment et sur Notre-Dame, et engagent le combat avec les Allemands. Le 20 août, FFI et policiers prennent l'Hôtel de Ville.

Des barricades sont dressées, entravant les mouvements des véhicules allemands, et des escarmouches ont lieu contre les forces allemandes d'occupation, épaulées par des membres de la Milice française – organisation du régime de Vichy – restés à Paris malgré le repli général des miliciens quelques jours plus tôt.

Les affrontements, violents et dispersés dès le 19, atteignent leur pic le 22. De vifs combats ont lieu, en particulier à la Préfecture de police, au Sénat, au Grand Palais, autour de l'Hôtel de Ville.



Les insurgés, faute de munitions, ne peuvent pas tenir plus longtemps. La Résistance intérieure signale aux Américains que la moitié de la ville est libérée le 23, mais que la situation est critique.
Devant cette situation, et ayant obtenu l'accord du général de Gaulle – qui rappelle à Eisenhower sa promesse faite à Alger en décembre 1943 que la libération de Paris serait confiée à une unité française –, le général Leclerc force la main aux Américains en donnant l'ordre de marche sur Paris aux éléments de reconnaissance de sa 2e division blindée (DB) française.
Les affrontements en banlieue sont durs mais les soldats de la 2e DB, qui combattent sans dormir pendant deux jours et deux nuits, ne peuvent être ralentis par les points d'appui allemands.
Malgré la garnison allemande encore puissante et composée de 16 000 à 20 000 hommes, les éléments de la 2e DB du capitaine Dronne entrent dans Paris par la porte d'Italie et la porte d'Orléans le 24 août 1944. La 9e compagnie du Régiment de marche du Tchad – surnommée "la Nueve", car essentiellement constituée de républicains espagnols – se poste en renfort des FFI devant l'Hôtel de Ville vers 21 h, pendant que les policiers parisiens actionnent le bourdon de la cathédrale Notre-Dame, en attendant le gros de la 2e division blindée.

La capitulation des troupes nazies est signée à la gare Montparnasse le 25 août. Malgré tout, des combats sporadiques se poursuivent, en particulier du fait des unités SS qui refusent la capitulation du général von Choltitz.



Le même jour, Charles de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, arrive à Montparnasse, puis se rend au ministère de la Guerre rue Saint-Dominique. Après une halte à la Préfecture de police, il se dirige vers l'Hôtel de Ville où il prononce un discours à la population dont un extrait est resté célèbre : "Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! Mais Paris libérée !"

Pendant plusieurs jours, la population parisienne est partagée entre la peur et l'enthousiasme. Les combats continuent en banlieue nord. À Paris même, des tireurs isolés, Allemands ou miliciens, sont signalés à plusieurs reprises.


Le 26 août, un défilé de la victoire est organisé sur les Champs-Élysées. Le général de Gaulle, le général Leclerc et leurs entourages descendent la plus belle avenue du monde. La foule joyeuse salue les soldats qui ont participé à la libération de Paris. La messe d'action de grâce à Notre-Dame est cependant perturbée par une fusillade, des résistants pensant avoir aperçu des tireurs embusqués.


Au total, plus de 500 civils, quelque 1 000 membres des FFI et une centaine de soldats de la 2e division blindée du général Leclerc trouvent la mort lors de la libération de Paris.
