
Manque total(ement) de crédibilité" ou de "preuve" : une partie de la communauté internationale, dont les États-Unis, a rejeté, vendredi 23 août, la décision de la Cour suprême du Venezuela de valider la réélection de Nicolas Maduro lors d'un scrutin que l'opposition assure avoir remporté.
L'Argentine, le Costa Rica, le Chili, l'Équateur, le Guatemala, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine, l'Uruguay et les États-Unis affirment rejeter "catégoriquement l'annonce du Tribunal suprême de justice (TSJ) du Venezuela qui indique avoir conclu une prétendue vérification des résultats du processus électoral", selon une déclaration commune publiée à Quito.
Sans surprise, la Cour suprême du Venezuela, que la plupart des observateurs considèrent comme inféodée au pouvoir, a validé, jeudi, la réélection du président Maduro malgré les allégations de fraude de l'opposition qui considère la décision de la haute cour comme "nulle".
"Le Venezuela exige le respect absolu de sa souveraineté"
La déclaration a été immédiatement qualifiée par Caracas d'"acte inacceptable d'ingérence".
"Le Venezuela exige le respect absolu de sa souveraineté. Aujourd'hui, ils (ces pays) tentent d'imposer une fois de plus une politique de changement de régime typique des coups d'État que l'empire américain a encouragé pendant plus de 100 ans en Amérique latine et dans les Caraïbes", a affirmé dans une déclaration télévisée le ministre des Affaires étrangères, Yvan Gil.
L'annonce de la réélection, lors du scrutin du 28 juillet, du président socialiste avait provoqué des manifestations spontanées, brutalement réprimées. Elles ont fait 27 morts, 192 blessés, tandis que 2 400 ont été arrêtées, de source officielle.
Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 52 % des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n'a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d'un piratage informatique.
Candidat convoqué par la justice
Une telle attaque est jugée peu crédible par l'opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact.
Selon l'opposition, qui a rendu publics les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec plus de 60 % des voix. Sans les montrer, la Cour suprême a assuré avoir vérifié les procès-verbaux remis par le pouvoir, ainsi que la réalité de l'attaque informatique contre le CNE.
"Nos pays avaient déjà exprimé leur désapprobation quant à la validité de la déclaration du CNE, après que les représentants de l'opposition se sont vu refuser l'accès au décompte officiel", souligne la déclaration commune des pays latino-américains et des États-Unis.
"La volonté du peuple vénézuélien (doit) être respectée", ajoute dans un communiqué distinct Vedant Patel, un porte-parole du département d'État américain.
L'Espagne a de son côté insisté qu'elle ne reconnaîtra les résultats du scrutin tant que tous les procès-verbaux des bureaux de vote ne seraient pas publiés.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a souligné : "Nous n'avons pas cessé de dire que le résultat de cette élection devait être démontré et jusqu'à présent, aucune preuve ne nous a été présentée. Tant que ce sera le cas, nous ne pourrons pas reconnaître" le résultat.
Nicolas Maduro a, en revanche, été félicité par ses alliés traditionnels, ses homologues cubain Miguel Diaz-Canel et nicaraguayen Daniel Ortega. Sur le plan judiciaire, le parquet a annoncé qu'il allait convoquer "dans les prochaines heures" Edmundo Gonzalez Urrutia.
"Il doit se rendre à cette convocation pour parler (...) de sa responsabilité avant le 28 juillet, pendant le 28 juillet et après le 28 juillet pour sa 'récalcitrance', sa désobéissance aux autorités légitimement constituées", a lancé le procureur général Tarek William Saab, qui accuse notamment l’opposition des violences post-électorales.
Avec AFP