logo

La manifestation de milliers d'opposants aux "bassines" a avorté, vendredi, après un incendie déclenché par l'action des forces de l'ordre dont les tirs de lacrymogènes ont provoqué un feu qui a semé la panique. Le cortège, qui devait initialement rejoindre la commune de Saint-Sauvant, où une "bassine" doit être construite à l'automne, s'était finalement réuni dans l'agglomération de Poitiers, en raison de nombreux contrôles des gendarmerie. Cette manifestation n'avait pas été déclarée.

Sous un soleil écrasant à Migné-Auxances dans la Vienne, près de Poitiers, des milliers de militants antibassines se sont retrouvés, vendredi 19 juillet, à travers champ lorsqu'un feu s'est allumé après des tirs de lacrymogènes des forces de l'ordre. Un début d'incendie "dingue" et une manifestation pour l'eau qui a finit par s'éteindre.

Aussitôt après les tirs, la paille sèche s'est embrasée. Attisée par le vent, le feu a parcouru plusieurs centaine de mètres en direction du cortège, jusque-là pacifique et musical.

Des gens criaient "Sortez de la paille !", "ça va brûler vite !". Certains couraient, d'autres se cherchaient du regard ou de la voix, sous les pales d'un hélicoptère qui exhortait les militants à se mettre à l'abri.

Bassines : une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

"C'est dingue. Mais si ça pouvait ridiculiser (les gendarmes) et mettre un peu l'accent sur l'aberration de tout ça, ça serait bien", a réagi auprès de l'AFP Mélanie, danseuse de 40 ans qui ne veut pas donner son nom de famille.

Quelques instants plus tard, à la grande déception de plusieurs manifestants masqués, les organisateurs ont sifflé la fin de la mobilisation du jour.

Elle a tourné au jeu du chat et de la souris entre les milliers d'occupants du Village de l'eau, à Melle (Deux-Sèvres), et 3 000 gendarmes et policiers mobilisés.

"Absurdité"

Dès 8h30 du matin, à la sortie du campement, des centaines d'entre eux, certains masqués, ont tenté de se diriger, dans le calme et en scandant des slogans, vers leurs voitures.

En coupant à travers champs, les militants sont parvenus à les contourner. Puis le cortège a été scindé en deux, de nombreux manifestants bloqués.

Les gendarmes ont effectué des tirs nourris de gaz lacrymogènes, en cloche. L'un des moments les plus tendus de la journée, avant que ces manifestants ne puissent regagner leurs voitures.

Les contrôles de gendarmerie, systématiques sur les routes des Deux-Sèvres et de la Vienne, ont ralenti la formation de convois vers Saint-Sauvant (Vienne), site d'une future réserve.

Bassines : une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

À Chey, Myriam, 30 ans, et ses amis ont vu leur petit véhicule vidé de ses bagages : sur le macadam surchauffé, ils ont dû déplier sortir leurs effets, leurs sacs de couchage...

"Ça questionne sur l'utilité de se faire confisquer des sardines de tente, des masques FFP2 pour le Covid, c'est l'absurdité de la situation qui est agaçante", a-t-elle témoigné.

Bassines : une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

La stratégie des forces de l'ordre a fonctionné puisque les organisateurs, qui pensaient pouvoir pique-niquer à Saint-Sauvant, ont été contraints de se rabattre dans un parc à Migné-Auxances, près de Poitiers, à 45 km de là.

"On ne va pas à l'affrontement"

Dans la touffeur de la mi-journée, chacun s'est restauré en vue d'une "balade" reprogrammée à la hâte pour cibler un site à proximité, symbole de "l'agro-industrie".

Bassines : une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

"La consigne depuis le début, c'est qu'on ne va pas à l'affrontement", a expliqué Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci.

Ici où là, le ton s'est durci parfois, comme lorsque trois policiers ont fait irruption dans le parc pour signaler aux organisateurs qu'il s'agit d'une manifestation non déclarée. "Sachez que la moindre utilisation de bombes incendiaires peut avoir des conséquences gravissimes" sur fond de végétation sèche, a répondu, prophétique, Julien Le Guet.

Bassines : une journée de frictions, entre jeu de piste et début d'incendie

De même, lorsque le cortège s'est élancé, un riverain a reproché à un manifestant de lui répondre masqué, mais la conversation a fini par s'engager entre eux.

Le cortège a progressé en chantant, puis a bifurqué dans un champ où séchait de la paille coupée.

Et il a suffi d'une étincelle pour allumer l'incendie, finalement éteint par les pompiers, causant une belle frayeur aux manifestants. Ils ont promis de remettre ça samedi à La Rochelle.

Avec AFP