A la Une de la presse, ce lundi 1er juillet, les réactions de la presse française et étrangère aux résultats du premier tour des législatives anticipées en France. Un scrutin marqué par l'arrivée en tête du Rassemblement national.
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A la une de la presse française, les réactions aux résultats du premier tour des législatives anticipées en France. "Le RN aux portes du pouvoir", écrit Le Parisien/Aujourd’hui en France, selon qui le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, porté par 12 millions d’électeurs, "peut espérer une très nette majorité relative voire absolue" au second tour, dimanche prochain.
En attendant, Les Echos actent "la fin d’une ère" pour le camp présidentiel et Emmanuel Macron, qui appelle personnellement à un "large rassemblement contre l’extrême-droite". Les Français ont maintenant une semaine pour choisir. "Une nouvelle campagne s’ouvre pour le second tour", et La Croix espère voir "émerger (du) désordre une majorité à la hauteur des valeurs de la République".
La gauche appelle à la formation d’un "front républicain". Libération invité à "faire bloc" face au RN, à "un vote de barrage sans état d’âme pour le candidat le mieux placé au second tour face à l’extrême droite". Même appel pour L’Humanité, qui évoque "l’urgence d’un sursaut global" pour "éviter le pire au second tour".
Le Figaro, pour sa part, réduit la bataille du second tour à un duel entre Jean-Luc Mélenchon et Jordan Bardella, tout en disant refuser de "mettre un signe d’égalité" entre LFI et le RN. Le journal soutient que "le programme du RN est certes inquiétant", mais que le Nouveau Front populaire, "placé sous la domination de LFI", "est le vecteur d’une idéologie qui consommerait le déshonneur et la ruine du pays". Autrement dit, la préférence du Figaro va au RN plutôt qu’au Nouveau front populaire.
"Humiliation" pour Macron
En Belgique, Le Soir évoque un "triomphe de l’extrême droite", dont le "score historique, inédit et dévastateur", "provoque la sidération bien au-delà de l’Hexagone".
Emmanuel Macron, ce président, qui se voulait "jupitérien", concentre les foudres de la presse étrangère, avec ce mot qui revient comme un leitmotiv : "humiliation". "La droite française humilie Macron, renvoyé à la troisième place", titre The Times, le quotidien britannique. En Suisse, La Tribune de Genève évoque "l’échec humiliant du pari d’Emmanuel Macron", en se demandant si "la volonté de changement" exprimée par les Français l’emportera "sur la peur du changement". "Le Pen et les gauches écrasent un Macron tout petit petit", complète Il Fatto Quotidiano, le journal italien. Emmanuel Macron rebaptisé "Micron" par Libero, autre quotidien italien, qui ironise : "Mon Dieu (en français dans le texte, NDLR), un tremblement de terre vient de se produire à Paris : le président a été battu par le parti de Marine Le Pen, et même dépassé par la gauche".
La presse internationale accuse aussi Emmanuel Macron d’être responsable de "l’effondrement" du bloc centriste. El Pais, quotidien espagnol, observe que le président, non seulement, n’est pas parvenu à "reconstituer l’équilibre des forces politiques à partir de son précieux centre", mais qu’il a même "dynamité" le centre. Aux Etats-Unis, The Washington Post estime que les électeurs ont "puni les centristes d’E. Macron", lui qui était considéré jusque-là "par ses partisans comme un stratège politique magistral et peut-être le seul homme politique français capable de faire dérailler la montée de l’extrême droite".
La percée historique de l’extrême droite alarme globalement la presse européenne. En Espagne, El Mundo fait état du "choc" de l’Europe face au score de l’extrême-droite. "La démocratie française parle et elle fait peur" : le journal suisse Le Temps présente la France comme "une balise politique", un pays qui a "a érigé des principes républicains qui placent l’universalisme au sommet de ses valeurs", et s’inquiète de voir la France abandonner ces principes. "Voir la France s’en éloigner, c’est se mettre à douter de la possibilité d’une société humaniste. C’est le vertige d’une démocratie qui aboutit à ce que certains démocrates redoutent le plus. Car malgré le polissage, le RN est bien un parti d’extrême droite".
Crise des démocraties
En Allemagne, où l’extrême droite ne cesse également de progresser, Die Zeit prévient que "les résultats des élections en France prouvent bien au-delà (de ses frontières) que le centre peut s’effondrer, y compris en Allemagne". Pour le journal de Hambourg, la possibilité d’un gouvernement RN risque de conduire, en France, à "une restructuration autoritaire de l’Etat, à une politique intérieure raciste, une politique étrangère anti-UE, et à un rapprochement avec la Russie de Poutine".
Et cette inquiétude va au-delà du continent européen. Aux Etats-Unis, The New York Times note que "le débat présidentiel américain (comme) les élections anticipées en France enhardissent les forces nationalistes qui pourraient défier l'OTAN et détruire la défense de l'Ukraine". Au Liban, L’Orient Le Jour observe que "la France n’est pas un îlot", et que "ce qui s’y joue s’inscrit dans une dynamique qui la dépasse et que l’on pourrait résumer ainsi : les démocraties sont en crise, les États-nations sont profondément fracturés, l’Occident vit dans le sentiment réel ou fantasmé du déclin et le monde change à une vitesse sans précédent". "Tout cela provoque naturellement des peurs, des angoisses et des replis identitaires dont le populisme d’extrême droite se nourrit comme aucun autre mouvement".
Pour Wakat Sera, site d’info burkinabé, le début de "l’acquisition de la respectabilité du RN" remonterait à la présidence de Nicolas Sarkozy, qui aurait "non seulement repris à son compte et pour son compte, les thèses (de l’ex-FN) sur l’immigration et la préférence nationale, mais aussi systématiquement refusé le Front républicain". Wakat Sera, qui envisage lui aussi la possibilité d’une accession au pouvoir du RN, espère qu’"à quelque chose malheur est bon", et que l’Afrique pourra tirer profit de cette évolution pour "se libérer (enfin) totalement" de l’ex-puissance coloniale française.
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