Quelque 300 000 ménages bénéficieront de l'"aide de solidarité écologique" mis en place par le gouvernement. Objectif : "diviser par deux la facture énergétique" des plus pauvres qui n'ont pas les moyens d'assumer des travaux d'isolation.
AFP- Dans la foulée du Grenelle de l'environnement, le gouvernement met en place une "aide de solidarité écologique" pour aider les ménages modestes à réduire leur facture énergétique, une initiative saluée par la Fondation Abbé Pierre.
Cette subvention "vise à réhabiliter en huit ans (2010-2017) les logements de 300.000 propriétaires occupants modestes en forte situation de précarité énergétique", soit 10% de personnes situées au bas de l'échelle de revenus, assure la secrétaire d'Etat à la solidarité écologique Valérie Létard.
Concrètement, l'Etat s'engage, avec un apport des collectivités territoriales, à prendre en charge les deux-tiers du coût des travaux nécessaires pour l'isolation du logement dégradé. Le reste est à la charge du propriétaire, qui pourra bénéficier par ailleurs des éco-prêts à taux zéro et des prêts bonifiés, délivrés par les Caisses d'allocation familiales (CAF) ou la Mutualité sociale agricole.
600.000 habitations feront l'objet d'un repérage préalable, suivi de visites à domicile et d'un diagnostic par des professionnels mandatés par les organismes locaux. Mais la moitié des rénovations visées le seront en milieu rural (50%), affirme Benoist Apparu, le secrétaire d'Etat au logement.
"Ce dispositif existe déjà. Les régions le font dans le cadre de leur politique d'accompagnement pour assurer la réhabilitation des habitations privées", indique-t-on à l'association des régions de France (gauche), où on crie à la "récupération".
Dans le cas de travaux d'un montant de 10.000 euros par exemple, le gouvernement va verser un montant forfaitaire de 1.500 euros au ménage, plus 25% du coût total (2.500 euros) et les collectivités autant. L'aide de solidarité écologique s'élèvera ainsi à environ 8.000 euros, selon les projections fournies par Mme Létard et M. Apparu.
C'est le Fonds national d'aide à la rénovation thermique des logements privés, géré par l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) et doté de 1,25 milliard d'euros, qui avancera directement les sommes aux propriétaires retenus.
Ce dispositif sera financé par le grand emprunt, via une dotation de 500 millions d'euros, les fournisseurs d'énergie (150 millions) et l'Anah et l'Ademe (600 millions).
"Il nous manquait quelque chose pour les propriétaires modestes qui n'ont pas accès aux prêts à taux zéro", a plaidé M. Apparu.
La Fondation Abbé-Pierre, qui faisait partie du groupe de travail à l'origine de cette aide, parle d'un "signal fort" dans la lutte contre la précarité énergétique.
"On est globalement satisfait. Il y a enfin quelque chose de concret qui prend en compte la précarité énergétique dans le développement durable", a justifié Bertrand Lapostolet, l'un de ses représentants. "Il manque toutefois le bouclier énergétique, une mise à plat des tarifs sociaux que nous demandons", a-t-il relevé.
Les opérations de rénovation devront permettre aux ménages ciblés de réaliser des économies d'énergie d'au moins 30%, selon les calculs du ministère de l'Ecologie et de l'Energie.
"Les foyers modestes vont pouvoir diviser par deux leur facture énergétique", avance Mme Létard.
Environ 3,4 millions de ménages défavorisés consacrent entre 10% et 15% de leurs ressources à payer leurs factures énergétiques, selon l'Insee: 62% sont propriétaires et une majorité a plus de 60 ans.
Ces ménages croulent souvent sous des impayés et connaissent régulièrement des coupures d'énergie, ce qui accroît le mal-logement, indique le ministère.