Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, faisant écho à sa ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, a déclaré sur la chaîne Al Arabiya qu'il "n'hésiterait pas à utiliser la puissance d'Israël pour frapper le Hamas".
REUTERS - Ehud Olmert a lancé jeudi un appel "de dernière minute" aux habitants de Gaza, les exhortant à chasser le Hamas du pouvoir et soulignant qu'il n'hésiterait pas à employer la force en cas de poursuite des tirs palestiniens sur Israël.
"Je ne suis pas venu ici pour déclarer la guerre", a déclaré le Premier ministre israélien dans une interview à la chaîne de télévision Al Arabiya, très regardée à Gaza.
"Mais il faut arrêter le Hamas, et c'est ce qui va se passer. Je n'hésiterai pas à utiliser la puissance d'Israël pour frapper le Hamas et le Djihad (islamique). Comment? Je ne rentrerai pas aujourd'hui dans les détails", a-t-il dit.
"Est-ce dans l'esprit de l'islam de tuer des enfants innocents, de tirer des roquettes sur des garderies et des civils? Je ne crois pas que cela soit dans l'esprit de l'islam", a-t-il dit.
"Ce que fait le Hamas, en totale opposition avec l'esprit de l'islam, constitue la première raison de vos souffrances, et des nôtres. Je vous le dis dans un dernier appel, arrêtez cela. Vous, les habitants de Gaza, vous pouvez l'arrêter", a lancé le chef du gouvernement israélien aux Gazaouites.
Dans le ton comme dans le fond, l'intervention d'Ehud Olmert sur un média arabe constitue l'indication la plus claire de la possibilité d'une intervention militaire de Tsahal à Gaza, que les Israéliens ont évacué il y a trois ans.
Selon des sources politiques, le cabinet restreint d'Israël a approuvé une escalade militaire "par étapes" débutant par des bombardements aériens contre de nombreuses cibles du Hamas. Une opération de grande envergure n'a pas encore reçu de feu vert mais, d'après ces sources, cela dépendra de la réponse du Hamas.
L'opinion israélienne prête à une intervention
Le porte-parole du Hamas, Faouzi Barhoum, a réagi en affirmant qu'Israël "paierait le prix" d'une attaque contre Gaza.
Malgré les pressions croissantes des milieux politiques, et notamment du chef de l'opposition Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien avait jusqu'à présent prôné la retenue, à un peu plus de six semaines d'élections législatives indécises.
Mais l'opinion publique semble désormais prête à une opération militaire, qui risquerait pourtant d'entrainer d'importantes pertes en vies humaines de part et d'autre.
Meretz, le mouvement de gauche le plus disposé au dialogue avec les Palestiniens, a déclaré que le gouvernement devait envisager "presque tous les moyens" pur faire cesser les tirs de roquette palestiniens.
Depuis la fin vendredi de la trêve de six mois décidée par le Hamas, plus de 200 roquettes et mortiers sont tombés sur Israël, ne faisant toutefois que quelques blessés.
Dans le même temps, six activistes palestiniens ont été tués par des raids aériens israéliens.
De nouveaux tirs ont eu lieu jeudi, après la condamnation à 30 ans de prison par la justice israélienne d'un dirigeant palestinien, Ahmed Saadat, pour son implication présumée dans l'assassinat d'un ministre israélien.
Tirs de roquette "insupportables"
En visite à Hébron, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a jugé la situation "très difficile" et exhorté les grandes puissances à agir pour résoudre la crise.
Au Caire, où le gouvernement égyptien n'a pu qu'appeler les deux parties à cesser l'escalade de la violence, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a jugé "insupportables" les tirs palestiniens contre Israël.
"Le Hamas doit comprendre que notre aspiration à vivre en paix ne signifie pas qu'Israël tolérera plus avant cette situation. Cela suffit, maintenant (...) Cette situation va changer", a-t-elle ajouté après des entretiens avec le président Hosni Moubarak.
Après ces discussions, l'Egypte a exhorté les dirigeants du Hamas à "apaiser la situation de façon à éviter une escalade militaire israélienne", a dit un responsable palestinien à Gaza.
Réagissant à des appels internationaux, Israël a accepté ensuite d'autoriser une centaine de camions chargés de vivres, de fournitures humanitaires et de céréales à entrer vendredi dans la bande de Gaza par deux passages déterminés, ont déclaré des responsables des deux parties.
Au Liban, des soldats ont cependant découvert et démantelé jeudi huit roquettes prêtes à être lancées sur le nord d'Israël, a-t-on rapporté dans les milieux de la sécurité libanaise.