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Présidentielle américaine : après une double remontada, le face-à-face Biden-Trump commence
De notre correspondante à Washington – Tous les mois, France 24 revient sur les événements marquants de la campagne présidentielle 2024 aux États-Unis. Ce premier numéro est consacré au double "come-back" de Donald Trump et Joe Biden, enfin assurés d'obtenir l’investiture de leurs partis respectifs après des mois difficiles.

Les faits : Biden contre Trump, c’est officiel

Place au match retour pour la présidentielle 2024. Depuis le 12 mars, Joe Biden et Donald Trump sont assurés de remporter l’investiture de leurs partis respectifs lors des conventions démocrate et républicaine de l’été prochain. Le démocrate a franchi le seuil des 1 968 délégués nécessaires en remportant la primaire de Géorgie. La victoire du républicain dans l'État de Washington lui a permis de dépasser la barre des 1 215 délégués dont il avait besoin. Les chiffres sont symboliques et le duel était annoncé depuis des mois, tant le suspense était faible lors de ces primaires pour la résidentielle 2024. Mais cette étape permet aux deux concurrents de se concentrer à 100 % sur la course à la Maison Blanche. Et d’oublier des débuts de campagne difficiles suivis d’une remarquable double remontada.

Trump, le bulldozer du Parti républicain qui zigzague entre les procès

Souvenez-vous du 15 novembre 2022 à Mar-a-Lago. Ce jour-là, Donald Trump annonçait depuis sa résidence de Floride qu’il se lançait dans la campagne présidentielle, une semaine après des élections de mi-mandat décevantes pour sa formation politique. Peu de ténors du Parti républicain étaient alors présents pour le soutenir et beaucoup pariaient sur la candidature aux primaires de son rival Ron de Santis.

Deux ans et demi plus tard, il n’y a plus un seul républicain pour barrer la route à Donald Trump. Ron de Santis a même jeté l’éponge avant Nikki Haley, la dernière candidate des primaires qui s’est obstinée sans succès jusqu’au Super Tuesday du 5 mars dernier.

Quant au Parti républicain, il est désormais entièrement au service du milliardaire, qui a obtenu la démission de sa dirigeante Ronna McDaniel et a promu ses fidèles, comme sa belle-fille Lara Trump, nommée co-présidente en charge des si précieuses levées de fonds. Bien lui en a pris : cette dernière n’a pas exclu d’utiliser l’argent du parti pour payer les frais judiciaires de son beau-père.

Sur le front des procès aussi, d’ailleurs, le ciel s’est éclairci pour Donald Trump. Sa stratégie consistant à repousser les échéances semble fonctionner. D’abord, le 28 février, la Cour suprême des États-Unis accepté de se saisir de la question de l'immunité pénale invoquée par l’ancien président. L'examen commencera fin avril. En conséquence, son procès fédéral le plus important, sur ses tentatives présumées d’inverser le résultat de la présidentielle de 2020, est reporté jusqu'à la décision des neuf juges.

L'autre procès fédéral, celui sur les documents classés confidentiels qui doit se tenir en Floride le 20 mai, pourrait lui aussi être repoussé, peut-être même après la présidentielle. Quant au procès en Géorgie sur ses agissements lors de la présidentielle 2020, il n'a toujours pas de date prévue. Enfin, concernant le procès pénal à New York dans l'affaire Stormy Daniels, le parquet s'est dit ouvert à un report d’un mois, donc au moins jusqu'à mi-avril, pour laisser le temps à la défense d’examiner de nouveaux documents.

Par ailleurs, le 4 mars, la Cour suprême a annulé une décision du Colorado déclarant Trump inéligible. D’autres États démocrates, qui avaient tenté de faire de même au nom du 14e amendement de la Constitution, doivent donc se plier à cette décision et accepter que le milliardaire figure sur les bulletins de vote.

Une remontada aussi pour Joe Biden, l’éternel sous-estimé

"Joe l’endormi", c'est fini ? Le surnom donné à Joe Biden par Donald Trump en a pris un coup après le discours sur l'état de l'Union livré par le président américain le 7 mars. Joe Biden s'est montré énergique dans le ton, réactif face aux élus du Congrès qui l'écoutaient et féroce à l'encontre de Donald Trump. Le démocrate a notamment balayé les critiques sur son âge (81 ans), rappelant que son rival est à peine plus jeune que lui (77 ans) : "La question pour notre pays, ce n'est pas notre âge, c'est l'âge de nos idées. La haine, la colère, la vengeance, la rancune sont les idées les plus vieilles qui soit", a-t-il déclaré.

Depuis le début de sa campagne, Joe Biden, un ancien bègue abonné aux gaffes, est attaqué sur son âge et son supposé déclin mental. Sa performance lors du discours sur l’état de l'Union lui permet de remettre les compteurs à zéro. Sa campagne a engrangé la somme record 10 millions de dollars à peine 24 heures après le discours. 

Les enseignements des primaires : les défis qui guettent les candidats

Nikki Haley a certes fini par jeter l’éponge, mais pour qui voteront ses électeurs ? Le vote des républicains modérés et des indépendants fera partie des grands sujets de cette campagne, car dans les États-clés, ils peuvent faire la différence. Joe Biden est bien déterminé à capter cet électorat déçu voire dégoûté du trumpisme. À moins qu’un troisième candidat, poussé par le groupe "No Labels", ne vienne brouiller les cartes ?

Côté démocrate, l’avertissement vient du nombre conséquent de votes blancs comptabilisés lors des primaires dans certains États, comme dans le crucial Michigan, à l'appel d’activistes pro-palestiniens voulant faire pression sur Joe Biden pour mettre fin à la guerre à Gaza. Le dossier du Proche-Orient est de plus en plus dangereux pour le président, accusé par l'extrême gauche de faire le jeu d'Israël.

Que disent les sondages ?

À huit mois de l’élection, les sondages n’ont guère de valeur prédictive, et ce d’autant plus que les sondeurs ont de plus en plus de mal à faire leur travail face à des électeurs qui ne répondent plus au téléphone. La prudence est de mise face aux nouvelles méthodologies (sondage par Internet, par exemple) et les marges d’erreur sont plus que jamais importantes à prendre en compte.

Mieux vaut ignorer les sondages nationaux et se focaliser (avec toutes les précautions possibles) sur les sondages dans les États-clés (Michigan, Pennsylvanie, Géorgie, Arizona, Caroline du Nord, Nevada, Wisconsin…), dont les résultats seront cruciaux en raison du système de grands électeurs en vigueur aux États-Unis.

Sur les quatre dernières semaines, le pouls instantané de l'électorat donne l’avantage à Donald Trump, selon les données compilées par Real Clear Polls.

L’image qui fait sourire

La réaction de Joe Biden, le soir de son discours sur l'état de l'Union, face à l'élue trumpiste Marjorie Taylor-Greene et à son accoutrement MAGA (Make America Great Again, le slogan de Donald Trump), est devenue culte en quelques heures.

Rendez-vous dans un mois pour un nouveau récap’'de la campagne aux États-Unis !