
L'Union européenne a décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie, a annoncé jeudi 14 décembre à Bruxelles Charles Michel, le président du Conseil européen, une décision qui semblait hors d'atteinte en raison de l'opposition de la Hongrie.
Les dirigeants de l'UE, réunis en sommet à Bruxelles, ont décidé "d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie", a annoncé le président du Conseil européen Charles Michel. "Un signal clair d'espoir pour les citoyens de ces pays et pour notre continent", a-t-il ajouté.
L'annonce a aussitôt été saluée par Volodymyr Zelensky : "C'est une victoire pour l'Ukraine, pour toute l'Europe, une victoire qui motive, inspire et rend plus fort", a-t-il lancé sur X. "L'Histoire est faite par ceux qui ne se lassent pas de se battre pour la liberté", a ajouté celui qui, quelques heures plus tôt, avait exhorté les Européens à être "au rendez-vous de l'histoire".
This is a victory for Ukraine. A victory for all of Europe. A victory that motivates, inspires, and strengthens. https://t.co/zk44CeL5Ui
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) December 14, 2023De son côté, le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, a qualifié "d'historique" la décision de l'UE évoquant "une étape cruciale".
La décision a été prise sans aucune opposition de la part des dirigeants de l'UE, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ayant finalement choisi de ne pas participer au vote. "Orbán n'était pas dans la salle quand le texte a été adopté, c'était convenu avec lui", a expliqué à l'AFP un diplomate européen ayant requis l'anonymat. "C'est une solution pragmatique. [...] Le signal politique est donné", a-t-il poursuivi.
Dans une vidéo publiée sur Facebook, le dirigeant nationaliste hongrois a souligné que la Hongrie ne voulait pas "partager la responsabilité" de ce choix "insensé" des 26 autres pays et "s'est donc abstenue".
Une bouffée d'oxygène pour Kiev
Quelques heures plus tôt, Viktor Orbán avait martelé son refus d'accepter que l'Ukraine ouvre des négociations en vue de rejoindre l'Union européenne. "Il n'y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n'ont pas été remplies", avait-il lâché dès le début du sommet. Mais en se retirant de la pièce au moment crucial, il a de facto refusé d'utiliser son droit de veto. Le dirigeant hongrois s'oppose aussi à un soutien budgétaire de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine.
L'annonce de l'ouverture de négociations avec l'UE représente une bouffée d'oxygène pour l'Ukraine au moment où les signaux négatifs venus de Washington se multiplient.
Depuis des semaines, les nuages s'accumulent au-dessus de l'Ukraine. Sa contre-offensive militaire n'a pas produit de percée décisive et l'aide occidentale, indispensable à l'effort de guerre, est bloquée.
Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, Vladimir Poutine affichait par contraste sa confiance dans une victoire russe. "Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions", a ainsi soutenu le président russe.
"Si Poutine gagne en Ukraine, il y a un risque réel que son agression ne s'arrête pas là", avait averti de son côté le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg, à l'unisson de plusieurs dirigeants européens.
"La continuation et la hausse" de l'aide à l'Ukraine est une "question existentielle" pour l'UE, a ainsi souligné le patron de la diplomatie européennes Josep Borrell.
"Une victoire pour nous tous"
La Hongrie réclame de l'UE qu'elle débloque tous les fonds lui revenant gelés en raison de ses manquements à l'État de droit. Elle a obtenu mercredi le déblocage de dix milliards d'euros, après une décision de la Commission européenne qui a provoqué la colère de certains eurodéputés. Plusieurs d'entre eux ont dénoncé la faiblesse de Bruxelles face au "chantage" du Premier ministre hongrois.
La présidente de Moldavie, Maia Sandu, s'est aussi félicitée de la décision des Vingt-Sept. "C'est une victoire pour nous tous [...], une nouvelle page de notre histoire. Il y a deux ans, personne n'aurait imaginé" un tel scénario, a-t-elle réagi sur Facebook, alors que cette ancienne république soviétique s'est résolument tournée vers l'UE depuis son élection fin 2020.
L'UE a également décidé d'accorder le statut de pays candidat à la Géorgie et d'ouvrir, sous conditions, des négociations d'adhésion avec la Bosnie-Herzégovine. La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a salué "l'immense étape" franchie par son pays. "La volonté inébranlable du peuple géorgien s'est exprimée", a estimé la dirigeante de ce pays du Caucase.
Les Vingt-Sept ont par ailleurs approuvé un douzième paquet de sanctions contre Moscou, qui comprend notamment l'interdiction des importations de diamants russes dans l'UE, et vont aussi prendre des mesures pour améliorer l'efficacité des sanctions concernant le pétrole russe.
Avec AFP