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Femmes migrantes et violences sexuelles : en France, les violences persistent au bout de l'exil

La migration est l’endroit de tous les dangers pour les femmes, même si elle est parfois indispensable à leur survie. Risques chez elles ou sur la route, elles sont souvent perdantes sur tous les tableaux. Au Soudan, les combats ont poussé des millions de personnes au départ, dont 80 % de femmes et d’enfants. Mais dans les camps de réfugiés tchadiens, les violences ne s’arrêtent pas. Et même en France, les migrantes sont bien plus exposées aux violences sexuelles que la population générale.

Depuis le printemps 2023, le conflit entre l'armée soudanaise et les paramilitaires a entraîné d'immenses déplacements de la population. L'ONU estime à plus d'un million le nombre de personnes qui ont quitté le pays. Plus de 80 % sont des femmes et des enfants, dont près de 400 000 ont trouvé refuge au Tchad voisin. Mais cet exil ne marque pas la fin de leurs difficultés.

Une étude récente s’est penchée sur les risques pour les migrantes d’être victimes de violences sexuelles en France par rapport au reste de la population. Des entretiens réalisés auprès de 273 demandeuses d’asile révèlent qu’elles sont en moyenne neuf fois plus victimes de ce type d’agression. Les docteures Marion Landrin et Rachel Cohen-Boulakia, qui ont participé à cette enquête, expliquent que le fait que ces femmes n’aient pas d’hébergement et n’aient pas d’homme à leur côté en font des cibles privilégiées.

Les femmes originaires d’Afrique de l’Ouest sont particulièrement représentées, notamment parce que beaucoup d'entre elles issues de ces pays voyagent seules ou accompagnées d’enfants, explique la journaliste d’InfoMigrants Julia Dumont. Une fois en France, des hommes abusent de leur vulnérabilité dans la rue, des hommes de la communauté exigent parfois des faveurs sexuelles en échange d’un toit et quelques autres cas racontent des abus par des représentants de l’État.

Pourtant, bien souvent, ces femmes quittent leur pays pour fuir des violences sexuelles : mutilations génitales, mariages forcés, viols et tentatives de viol ou rejet de leur homosexualité par les proches ou par l’État. Pour elles, la peine est triple : violences sexuelles comme raison du départ, violences sexuelles sur les routes de l’exil – en particulier en Libye – et violences sexuelles à l’arrivée en France.