Les personnes transgenres, qui se font appeler les khawaja siras, ont toujours bénéficié d’un statut à part sur le sous-continent indien. Et alors que la Pakistan possédait l'une des lois les plus progressistes au monde reconnaissant l'existence d'un troisième genre, elle vient d'être amendée. La question des transgenres est revenue dans l’actualité avec la présélection aux Oscars du film pakistanais "Joyland", le récit d'une histoire d'amour avec une danseuse de théâtre érotique trans. Reportage de Shahzaib Wahlah et Sonia Ghezali.
Dans un pays musulman aux mœurs conservatrices o ù l’homosexualité est par ailleurs considérée comme un crime , le Sénat avait adopté en mai 2018 la loi Transgender Persons (Protection of Rights) Act permettant aux personnes trans d'être sur un pied d'égalité législatif avec leurs concitoyennes et concitoyens. Ce texte interdisant toute forme de discrimination à l'égard des k hawaja siras découlait du statut particulier dont bénéficiaient les trans au Pakistan. Une loi qui a été amendée cinq ans plus tard par la cour de justice islamique.
Au cours des derniers mois a également éclaté une vive polémique avec la présélection aux Oscars du film "Joyland", premier film pakistanais à connaître cet honneur. Il avait également été présenté à Cannes en 2022. Un long-métrage qui raconte l’histoire d’un homme marié qui tombe amoureux d’une danseuse de théâtre érotique trans. L e film a été dans un premier temps censuré par le gouvernement sous la pression de partis islamistes avant d’être finalement autorisé à la diffusion à partir du 16 novembre. Cependant, très peu de cinémas l'ont diffusé .
En 2022, France 24 avait interviewé au Festival de Cannes Saim Sadiq, réalisateur de "Joyland". Il reconnaissait à propos de la question trans "une forme d’acceptation et une coexistence au sein de la société", et mettait en garde contre une "vision trop simpliste" consistant à penser qu'elle suscite davantage de débats qu'ailleurs car il s'agit d'un pays musulman.
