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À Pékin, Fillon endosse son costume de VRP

En visite à Pékin, le Premier ministre français tente de faire oublier les désaccords entre la France et la Chine sur la question du réchauffement climatique et met l'accent sur la coopération économique, notamment nucléaire.

AFP - En mission à Pékin pour réchauffer des relations diplomatiques encore convalescentes et intensifier les échanges économiques, François Fillon a pris soin lundi de ménager les Chinois, accusés d'être en partie responsables du résultat très mitigé du sommet de Copenhague sur le climat.

Au second jour de sa visite officielle, le Premier ministre français a préféré retenir qu'il s'agissait d'une "étape essentielle" dans la lutte contre le réchauffement climatique, admettant toutefois qu'il était insuffisant.

Il s'est bien gardé de cibler les Chinois, plus gros pollueurs de la planète et qui ont fait barrage pour empêcher l'adoption d'objectifs contraignants en matière d'émissions de gaz à effet de serre.

"Je souhaite que nos investissements communs pour une économie décarbonée puissent se renforcer", s'est contenté d'affirmer M. Fillon.

Il s'est ainsi montré beaucoup plus prudent que sa secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno qui avait déploré à l'unisson des Anglais, "l'attitude totalement fermée de la Chine" dans les négociations.

Le président Nicolas Sarkozy, qui n'a pas caché sa déception sur l'issue de Copenhague, avait révélé que les Chinois avaient failli quitter la table des négociations vendredi après-midi.

François Fillon a surtout insisté sur la coopération nucléaire entre Paris et Pékin, un moyen "de concilier la croissance économique et la lutte contre le changement climatique".

Une manière aussi de préserver les intérêts économiques de la France qui participe à la construction d'une centrale EPR, vitrine de sa technologie nucléaire, à Taishan (sud du pays).

Le Premier ministre a d'ailleurs assisté à la création d'une société commune à EDF et au chinois CGNPC (30% allant au Français) pour l'exploitation de la centrale. Areva doit aussi signer une "joint venture" pour la fabrication des réacteurs.

Sans revenir sur la position très ferme que son pays a défendu à Copenhague, le vice-Premier ministre Li Keqiang a affirmé que la Chine "continuerait de prendre sa part à la lutte contre le réchauffement climatique", notamment par la "promotion d'une économie verte faiblement carbonée".

"Entre Copenhague et le +business+, il y a un équilibre à trouver. Il ne faut pas sacrifier le +business+", juge le député UMP (droite, majorité présidentielle) de Saône-et-Loire (centre-est de la France) Jean-Paul Anciaux présent à Pékin.

La brouille entre la Chine et la France, alimentée par la question tibétaine entre les printemps 2008 et 2009, a affecté la relation économique bilatérale.

"Les Chinois sont rancuniers", explique un dirigeant d'une grand entreprise française, qui fait partie de la vingtaine d'entrepreneurs accompagnant le Premier ministre.

Outre le nucléaire, Paris se veut gourmand dans le secteur aéronautique.

Le groupe français Safran s'est ainsi offert un succès de taille en annonçant lundi qu'il avait été choisi pour équiper en moteurs et nacelles l'avion chinois C919, futur concurrent de l'Airbus A320 et du Boeing 737. Le contrat initial de cinq milliards de dollars pourrait tripler d'ici 30 ans.

Quatrième partenaire commercial européen de la Chine, à la croissance insolente malgré la crise économique mondiale, Paris cherche à grignoter des parts de marchés tous azimuts.

"Les investissements chinois sont les bienvenus", a ainsi claironné M. Fillon devant des chefs d'entreprises plaidant aussitôt pour "la poursuite de l'ouverture des marchés" chinois, notamment dans le secteur très porteur des services.

Il devrait marteler le même message mardi, dernier jour de sa visite marquée par une rencontre avec le président Hu Jintao après avoir vu lundi son homologue Wen Jiabao.