À la une du jeudi 24 février, une revue de presse spéciale consacrée à la manière dont les quotidiens ont réagi à l'invasion russe en Ukraine.
Un mot décrit l'état d'esprit qui dominait dans les rédactions au lendemain du 24 février 2022 : la sidération. La veille donc, l'armée russe frappait le territoire ukrainien, stupéfiant l'opinion mondiale. "L'impensable" titraient en une Libération et Courrier International. L'Humanité évoquait "le scénario du pire" à propos de l'invasion militaire russe. De leur côté, La Croix et Le Soir évoquaient une expression que beaucoup pensaient ne jamais revoir : "la guerre en Europe". Pour Le Parisien-Aujourd'hui en France, ce nouveau conflit est un "tournant dans l'histoire de notre pays", citant Emmanuel Macron.
Face à l'horreur, les mots parfois sont inutiles. Certaines publications ont choisi des photos chocs, dont plusieurs ont fait le tour du monde. Tour à tour, le Corriere della Serra, le London Evening Standard et le Daily Mail ont publié en une la photo d'une femme ensanglantée, au regard hagard et au visage, partiellement recouvert de bandages. La presse américaine s'était aussi largement emparé du sujet. En une du New York Times, la "guerre" est partout et en bas de page, figure la photo du président ukrainien, encore méconnu : "un président inexpérimenté monte à la barre pour souder son peuple en temps de guerre". Volodymyr Zelensky, à qui France 24 avait consacré un large portrait, passé "d'humoriste à chef de guerre".
Avant l'invasion, les journaux étaient partagés entre espoir et résignation. Le 22 février 2022, L'Humanité évoquait une "chance pour la paix" au moment où l'Élysée annonçait un sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine, un sommet qui ne verrait finalement jamais le jour. De son côté, L'Opinion débattait sur le "véritable" conflit, la guerre d'influence, refusant de croire à une guerre militaire. Une fois le conflit lancé, le quotidien russe, Vzglyad, proche du Kremlin, expliquait à ses lecteurs comment allait se dérouler la "démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine". Quant au magazine, New Voice of Ukraine, le journal avait consacré dans les jours suivants l'invasion, un large dossier, teinté d'humour noir, sur la santé mentale des dirigeants russes et soviétiques.
Un an après le début du conflit, la presse, de manière globale, consacre de larges dossiers à l'Ukraine. "Une année en enfer", titre L'Humanité avec, au cœur des débats, la question des enfants et des familles déchirées par l'invasion russe. Cette guerre "la plus massive depuis 1945", pour El Pais, "a changé le monde" écrit Le Figaro. Enfin, Libération rend hommage à cette résistance ukrainienne qui a étonné le monde entier, avec un titre évocateur : "L'Ukraine debout".